Zârmalouloux Blog

12 juil. 2010

Manta Sucre, Man Oruro (04/07/10 - 10/07/11)

Nous quittons Sucre en fin de journée ( pourquoi changer une équipe qui gagne?), guillerets et enthousiastes à l idée d'aller se ballader dans la cordillère centrale pour rejoindre Oruro par le plus court chemin ...
On nous avait bien parlé de quelques menues côtelettes et autres bancs de sable, mais cela n'a pas troubler notre confiance de cyclos se croyant déjà assez aguérris, ni entamé notre détermination à rallier Oruro en sept jours. Les 15 premiers kilomètres ont donné le ton pour le reste de la semaine... De la grimpette à qui n'en veut, sur chemins sableux à qui mieux mieux.
La première nuit dans une forêt de pin, éveille en nous des souvenirs de vacances landaises, les odeurs, le tapis d'aiguille de pin nous cajolant les orteils.

Les trois premiers jours ont été particulièrement éprouvants, où nous montions, où nous descendions. C'était un peu comme au ski mais sans les remontées mécaniques. Nous traversions les vallées transversalement, passant de l'une à l'autre, comme embarqués dans des montagnes russes. Nous avons peu à peu oublié que le plat pouvait exister.Un rituel immuable s'est rapidement installé : la petite côte du matin ( 10km), la grosse côte de la mi journée (15km) et la côte du soir qui était le plus souvent remise au lendemain matin.
Il serait difficile de décrire la magie de ces vallées et montagnes, se succédant sans pour autant posséder beaucoup de point commun au niveau de leurs palettes de couleurs, minéraux et physionomies... Un délice pour les yeux , le coeur, les zygomatiques sans oublier les sensations de vitesse lors des descentes accidentées et vertigineuses. A défaut d'appareil photo, notre boite noire personnelle a eu de quoi se mettre sous les rouages...

En ce qui concerne la végétation, les forêts de pin ont laissé la place aux eucalyptus au fil des ascensions, seul arbre que nous ayons vu jusqu ici pousser à de telles altitudes (plus de 3500m). Bientôt il ne restait plus que la puna (steppe aride typique de l'altiplano andin).
Celle ci est peuplée par des communautés agraires exclusivement quechuaphones. Tout au long du parcours, nous avons pu suivre les différentes étapes de préparation du chuño. Partout où nous passions, le sol était recouvert de cette fameuse pomme de terre qui se dorait la pillule sous les rayons bienveillants d'Inti (le soleil en quechua).
Pendant un mois, les communautés de la puna récolte la seule tubercule qui pousse là. Elle représente la base fondamentale de leur alimentation et nécessite une préparation toute particulière. Afin de la conserver ( plus de 5 ans grâce au procédé suivant), il faut déshydrater le chuño en le congélant. Les gens étalent les fruits de leur récolte sur des étendues herbeuses et les aspergent d'eau avant que le froid de la nuit ne tombe et produise ainsi l'effet escompté, trois jours durant. Cette technique ancestrale est héritée de l'époque précolombienne.
Par la suite le chuño est pietiné pendant une ou deux heures dans des trous creusés dans la terre puis séché au soleil. Mis en sac, le chuño est envoyé au quatre coins de la république bolivienne. Autant dire que pour ces communautés, la culture de cette tubercule est vitale au niveau alimentaire comme économique.

Nous avons pu partager une soirée, un repas (à base de chuño bien sûr), des sourires et des rires avec une famille de la puna qui ne parlait que quelques mots d'espagnol.
Le trop peu de mots quechuas appris en chemin et le langage des signes ont donné lieu à des quiproquos burlesques mais aussi à un échange chaleureux et réconfortant dans le froid andin.
C' était surprenant et plaisant de rencontrer et de partager un moment avec des personnes dont l'espagnol n'était pas familier car utilisé purement pour le commerce.

Les derniers jours ont été moins éprouvants physiquement car nous nous contentions de suivre les vallées. Les pentes douces nous ont réconcilié avec les ingénieurs des ponts et chaussées locaux. Ils n'ont cependant rien voulu savoir quant à la côte matinale... On a cédé, c'est de bonne guerre!
Les communautés agricoles ont laissé place aux villages miniers. Nous avons ainsi pu observer d'authentiques chercheurs d'or, assiette en main, les pieds dans l'eau des rivières que nous longions, en quête de pépites et lingots. Les mineurs de Chuquihuta ont été d'une extrême gentillesse, après quelques blagues et rires pouffants, ils nous ont généreusement laissé passer la nuit dans le bâtiment de leur syndicat. En chemin nous avons aussi croisé un pélerinage incongru, formé de près de 200 marcheurs, tout âge confondu, se dirigeant vers un lieu sacré niché dans une montagne à 4 jours de marche.

Pour la dernière ascension, direction Huanuni, le vent était de la partie, mais dès que nous avons rejoint l'asphalte et le véritable altiplano, nous avons roulé à tombeau ouvert sur cette étendue plate, la première et la dernière de cette escapade HAUTE en couleur jusqu'à Oruro. Nous sommes arrivés entre chiens et loups quand tombe la nuit, après 350 kilomètres, 7 jours d'efforts, des souvenirs et des sourires édentés plein la tête.

Tinkunakama
Sumaj llaña

(A bientôt et bonne chance)

Janou+Fourmie

3 commentaires:

Anonymous Blaisy Véronique a dit...

Merci à tous les deux pour ce beau récit très imagé qui m'a émue, et dont l'absence de photos n'a en rien nuit à la beauté des paysages traversés.
Continuez à nous régaler !

13 juillet 2010 à 02:47  
Anonymous Anonyme a dit...

vous nous faites rêver même sans photos les ptis louloux!! pleins de bibi!!!!

13 juillet 2010 à 07:45  
Anonymous Polkavalgas a dit...

Comme on vous imagine bien, nous qui avons eu la chance de croiser votre route pour un petit moment. Le voyage terminé pour nous, ne l'est plus tout à fait dès lors que nous vous lisons...
Avec toute notre admiration et notre affection
Polkavalgas

16 juillet 2010 à 01:21  

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