En route pour l'Equateur
Etape Cajamarca-San Ignacio, du 3 au 16 octobre
Alors que nous nous appretons a sortir du Pérou, nous allons retracer quelques épisodes marquants de cette étape finale, de Cajamarca jusqu'a San Ignacio.
Cajamarca est une ville historiquement célebre car c'est l'endroit ou se sont rencontrés pour la premiere fois l'Inca Atahualpa et le conquistador Francisco Pizarro. Cet épisode scellera a jamais le destin tragique de la civilisation Inca, en marquant le début de sa décadence.
Cajamarca possede un centre historique coloniale, calme et agréable. Cette quiétude était franchement troublée par les meetings et les concerts organisés par la multitude de partis politiques qui rivalisent d'ostenscibles moyens pour rallier a leur cause les citoyens a l'occasion des élections municipales et régionales. Ainsi, les concerts, les distributions de nourriture, de drapeaux et de gadgets, les feux d'artifices emplissent les rues, sur un fond sonore de messages tonitruants diffusés par des mégaphones ambulants.
Loin de cette agitation, nous avons fait la rencontre de Yolanda, jeune femme de 60 ans, chez qui nous prenions le petit déjeuné au marché couvert. Au programme cours de francais intensifs pour anticiper son futur établissement en France. Elle souhaite monter son restaurant et n'attend plus que l'autorisation formelle de notre président... Nous restons confiants.
Notre artisanat a eu un gros succes, nous avons vendu tous nos bracelets et autres paires de boucles d'oreilles, les garcons ont eu les doigts boudinnés a force de tresser les chevelures. On peut dire que plus d'une y ont laissé leurs cheveux.
On remercie les produits laitiers cajamarquinos; entre les fromages, le lait, les yogurts, le manjar ( confiture de lait locale), des sensations pures...
Puis nous avons repris la route jusqu'a Celendin, a vélo cette fois apres notre bond intergalactique en bus entre la ville d'Abancay proche de Cuzco et Cajamarca dans le nord.
En chemin nous en avons profité pour patauger gaiement des les " bains impériaux de l'Inca". Il y coulent des eaux thermales bien chaudes jaillissant de la Terre, merci Pachamama.
A Celendin, les élections étaient a l'ordre du jour. Les résultats du premier tour ont tardé a se faire connaitre. Nous avons testé la légendaire hospitalité des bomberos, pompiers de leurs métier.
Les jours suivants, nous nous sommes attaqués a la partie technique de l'itinéraire. Apres 13 km de montée, nous nous trouvons face a un paysage époustoufflant. La cordillere centrale dans laquelle nous évoluons depuis plusieurs jours est coupée en deux par le rio Marañon. Sur les montagnes se dessinent une multitude de chemins sinueux. Les pronostiques vont bon train concernant la route que nous prendrons le lendemain. S'en suit une descente vertigineuse, chaotique et sablonneuse, sur une route a flanc de corniche. Les mains, les genoux et le vélo de Yanoch s'en souviennent encore. Plus de mal que de peur... Nous passons de 3500 m d'altitude a 900 metres. Les changements sont radicaux au fur et a mesure de la descente. Les cactus et l'aridité laissent place aux bananiers et a l'humidité tres élevée.
L'arrivée a Balsas, tout en bas, nous ouvre la porte des fruits tropicaux ( tamarindo, goyave, banane, ananas...) offerts par les enfants du pueblo et de la biere fraiche généreusement offerte par les adultes.
Aprés une nuit sur la plage du fleuve, nous repartons tres tot le matin, a 5, apres un désistement de Yanoch pour blessure. Il nous retrouvera a Leimebamba, le check point suivant.
Au programme, une ascension de 60 km pour retrouver les hautes altitudes ( 2500 m de dénivelé) qui fut éprouvante. Difficile psychologiquement et physiquement entre autre pour Cyril qui tractait alors la charette. Une progression lente, de grosses suées, l'eau qui se fait rare mais les panoramiques sont a couper le soufle. L'hypoglycémie pointe le bout de son nez quand une famille nous offre a point nommé, un repas de cyclo et un coin d'ombre pour reconstituer les forces perdues.
Tout de meme une bonne journée syndicale de 6 heures de vélo, de l'aube au crépuscule. Nous dormons le soir " ah la belle étoile!" a l'abri des moustiques. Nous apercevons tout en bas le village d'ou nous sommes partis le matin ainsi que le chemin qui joue a cache cache avec la montagne. Il ne reste que le dernier tiers de la montée, que nous effectuons le lendemain avec beaucoup moins de soucis que la veille. L'arrivée a 3600 fait malgré tout plaisir.
Et puis c'est la redescente, longue de plus de 200 km, nous nous laissons vivre, profitant de l'énergie cinétique durement acquise pour apprécier les paysages andins qui defilent.
A leimebamba, on retrouve le Yannoch, tout fringant, il s'est fait réparer la mains au poste de salud. Il a encore mal a la main. Mais comme la piste est en descente douce il repart avec nous. On passe la nuit a 10 km de la.
Rosa nous offre de dormir dans son pré. Le lendemain matin en repartant, on réalise un reve qu'on a depuis quelque temps. On lui achete un petit poulet, pas possible de savoir si c'est un male ou une femelle... Pas grave nous dit Rosa, si c'est une poule vous mangerez les oeufs, sinon vous mangerez du poulet... .
Et puis dans la folie de l'achat qui nous a pris subitement, on lui prend aussi un cuy. C'est un cochon d'inde, mais c'est aussi un plat typique du Perou et d'equateur aussi parait il....
On repart donc a neuf, sans le savoir... La piste longe le rio, et descend donc doucement. On rencontre un famille francaise en velo. Les deux parents profs et leur deux filles, de 8 et 2 ans et demi. Ils sont partis de Quito il y a 3 mois. On passe un bon petit moment avec eux a discuter.
Nous arrivons le soir devant une sorte de grande maison.
Un homme sort avec une serviette autour de la taille:"En quoi puis je vous aidez" "on cherche un endroit pour dormir" "Oh bas la si vous voulez, ou la bas pres du rio pour vous lavez c'est peut etre mieux, je vous emmene."
Et le voila partit pour nous faire le tour du propriétaire en serviette...
On prépare un bon petit feu, ce soir c'est cuy!!!
Fourmie est presupose au plantage de couteau, et Arthur a tenir les pattes de ce petit animal si charmant, avec ces petit yeux tout rond et puis son petit ventre tout doux ...
Qu'est ce que je dis, je suis déja en train de m'attacher a elle, jamais on ne pourra la tuer, pour la manger.
Mais bon si on mange de la viande, c'est comme meme une étape importante de voir la mort de l'animal en face.
Le silence s'installe, la lame du couteau touche le cou de l'animal, on voit a ces yeux qu'il comprend ce qu'il va lui arriver. On s'attendait a ce qu'elle pousse quelques cris, mais non rien, elle n'oppose meme pas de resistance.
La lame rentre et le sang se met a couler, chaud, sur la main. La mort vient rapidement, suivi par quelques mouvements de bouches reflexes...
Ca jette un froid, mais bon le plus dure est fait, maintenant il reste plus qu'a le plonger dans l'eau chaude pour enlever les poils, ouvrir le ventre, faire le tri de ce qui n'est pas bon, embroche et faire cuire... .
Plus tard dans la soiree le proprio est passe, on a bien discute avec lui. Il nous a parle des momies pré-incas qu'ils ont retrouvées dans la montagnes a coté, de ces champs qu'il cultive seulement a la saison des pluies, de son avocatier, des chevaux de passo du perou.
On avait vu ca sur le chemin, des chevaux transportant un cavalier, mais qui marche d''une maniere toute particuliere,entre le pas et le trot en levant les jambes avants sur le cote. A voir c'est pas super gracieux, mais pour le cavalier c'est beaucoup plus agreable...
La journee de velo ce passe plutot bien, on retrouve le béton, on continu de descendre le long du rio jusqu'a Pedro Ruiz.
On descend entre deux falaises rocheuses, il y tout pleins de formes et pleins de couleurs, avec les arbres en mode tropicaux, le cadre est vraiment sympathique.
En repartant de Pedro Ruiz, on se met a suivre un autre rio et une autre route en moins bonne état.
De ce qu'on a compris il y a 6 mois, il y a eu un énorme glissement de terrain, et tout est tombé dans le rio qui a fait une sorte de raz de marée et qui a emporté pas mal de choses.
Pleins de gens sont partis vivre ailleurs.
En passant sur la route on peut voir qu'il manque des pans entier. A un moment il y avait meme un pilier de pont suspendu avec la grosse chappe de beton en dessous, qui avait été arraché et qui gisait au milieu du rio.
Quand tu vois ca tu as l'impression de te retrouver sur le tounage d'un film catastrophe, mais c'est bien la realite.
Le soir une nouvelle rencontre cyclo touristique, avec un japonais, Ken... Il est parti d'Alaska il y a deux ans et va jusqu'a Ushuaia.
On a passé la soirée avec lui, et comme il baragouine plutot pas mal l'espagnol (ca doit pas etre facile a apprendre pour un japonais), on a pu lui poser pleins de questions sur le Japon.
On s'est rendu compte combien cette culture nous est lointaine.
La musique, l'ecole, l'ecriture, du haut vers le bas pour le littéraire de gauche a droite pour les maths et de la politique, les relations avec la Chine et la Coree, Hiroshima, la religion qui est un mélange d'un peu tout shintoisme, culte des ancetres, boudhisme....
Enfin bref c'était vraiment une soirée super sympa, merci Ken...
Le lendemain, les filles partent les premieres.
Apres une mise au point plus ou moins claire, Bagua grande ou Jaen, avec Yannoch et Cyril nous sommes persuadés qu'il faut retrouver les autres a Jaen.
Fourmie, Janou et Ciboulette eux nous attendront, jusqu'a une heure avancée de l'apres-midi, a Bagua Grande sur la place des armes, ou nous ne passerons pas puisque nous avons rendez vous a Jaen...
Le paysage a des relents d'Asie, nous traversons des rizieres, il y a quelques palmiers par-ci, par-la, remplis de noix de coco. Cyril ne resiste pas longtemps, il grimpe et nous ramene des noix pleines de lait... .
On avance doucement. La chaleur est beaucoup plus difficile a supporter que le froid, le corps est applati, la transpiration pique les yeux. On ne pense qu'a aller se jeter a l'eau. Heureusement au bout d'un moment le vent se leve et apporte des nuages.
Nous passons un moment a un peage a manger des noix de coco avec Julie, 10 ans, et son petit frere, qui nous apprennent a jouer a la toupie.
En fin de journee, nous arrivons a Chamaya, au carrefour pour Jaen. On discute avec les gens qui sont la. "C'est a combien Jaen" "Oh 15 minutes, maxi une demi heure" " en vélo?" "oui oui en velo, il y a une petite cote et apres c'est que de la descente".
Ah la magie des gens d'ici, tout parait plus court, plus rapide, facile, mais juste apres quand la realite te retombe dessus c'est un peu plus dur.En effet, le soleil se couche et on voit un panneau indiquant Jaen 17 km.
"Bon ce sera un peu plus que 15 min!!"
Et la petite cote en question s'etend sur 12 km, mais bon de nuit c'est vrai qu'on se rend moins compte du denivele.
On arrive a 20h a Jaen un peu fatigue, on a fait plus de 100 km dans la journee. Heureusement, Ken nous a dit qu'on pouvait passer chez Miguel qui tient une bicicleteria.
Nous passons la soirée sur la place des armes, il y a un concours de banda tipica, qui jouent de la wayna, le rythme ressemble un peu a celui de la Chaqualera d'Argentine.
Le lendemain nous allons voir Miguel pour faire regler nos vélos, qui en ont bien besoin. Il est super sympa, et tres professionnel.
Sa tienda est pleine de piece de velo shimano, que du beau matos.
"il y a beaucoup de gens qui achete ce genre de piece ici" "ah non pas trop c'est juste que j'aime beaucoup la belle mécanique, et puis ca peut dépanner les voyageur comme vous des fois...".
On passera deux jours entier a régler, laver et changer quelques trucs sur les velos.
Et on repart tout content a la rencontre des autres qui sont repassés devant nous en prenant un raccourci. Ils ont emprunté des chemins de terre et pris le bac. Une vrai course, comme dans les fous du volant...
On les retrouvera a Tamborapa, chez Anita qui nous prete son salon pour la nuit.
Le lendemain en repartant, on croise une fanfare, qui nous offre l'almuerzo et quelques bons moment musicaux, un petit Dire Strait, une bonne reprise de walk of life en fanfare ca fait toujours plaisir.
Nous arrivons le soir a Perico, Miguel nous a dit qu'on pouvait aller dormir chez Milton, un ami cycliste.
Il est agriculteur, en ce moment il cultive de la banane, du cafe et de la papaye.
On passe la soirée a parler du changement de la région. La construction d'un canal il y a vingt ans, a permis aux gens de se reconvertir, passant de l'élevage a la chakra (plantation).
Et puis on est arrivé jusqu'a San Ignacio, a 50 bornes de la frontiere. On est arrivé avant hier soir. On a dormi la premiere nuit dans une salle de sport qui appartient a Sylvestre un ami de Milton
Le lendemain on est allé dans l'école San Ignacio de Loyola, on a fait un spectacle le matin pour les primaires et l'apres midi pour les collegiens.
Samedi matin on a fait un atelier de jonglage et d'acrobatie. Il y avait pleins d'enfants, tout le monde est reparti avec des balles et des sourires.
Maintenant, il va falloir passer la frontiere, avant lundi soir, pour ne pas se faire avoir comme pour rentrer au Perou...
Voila j'en ai mis une bonne tartine et des deux cote... Mais bon comme a chaque fois les passages de frontieres c'est un peu foufoufou...
Pleins de bisous par chez vous
Les zarmalouloux, qui vous promettent les photos pour bientot...
PS: on a mit a jour la rubrique rencontre sur le site, tout pleins de liens vers d'autres sites de voyageurs a velo...
www.zarmalouloux.we.bs
4 commentaires:
salut, c'est RONI dimanche 17/10 Iil fait gris et il pleut sur le Forez bien que le barometre nous indique que le soleil n'est pas loin,mais tout dabord TRES BON ANNIVERSAIRE ARTHUR et merci à vous tous pour tous ces descriptions sur votre voyage nous pensons à vous chaque jour
merci pour les liens de sites de voyageurs et tous ces récits, c'est toujours aussi agréable de vous lire ;)
Delphine
coucou les zarmas... ca fait toujours autant plaisir de vous lire, de l'humour, de l'histoire, de la poésie, des anecdotes... je pense sincèrement que vous devriez réfléchir à écrire un bouquin ou quelquechose dans le genre à votre retour, en se basant pourquoi pas sur vos messages du blog. Sachez que nous sommes de plus en plus nombreux à suivre vos aventures zarmaloulesques via le bouche à oreille, à découvrir le monde à travers vos yeux et tous vos autres sens. Je voulais souhaiter un très bon anniversaire à mon ch'tit cousin arthur et que cette nouvelle année t'apporte autant de joie, de découvertes et de bonheur que tu le mérites.
J'ai juste une petite question par rapport à vos derniers messages: "c'était bon le cuy?"
bisous et bonne route à tous
sandrine
Salut à tous les Zamalouloux,
vos photos et commentaires sont révélateurs des bons moments que vous passez ensemble et avec les autres.
Je vous souhaite de continuer à profiter pleinement de votre tour du monde.
Je vous embrasse tous et EN PARTICULIER ma chère ciboulette (sibylle).
Régis (ex-assistant sanitaire monastier sur gazeille).
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