Zârmalouloux Blog

3 mai 2010

Retour sur une escapade en solitaire (Rio Quilpo, San Marcos Sierra, province de Córdoba, Argentina

7,8,9/04/2010

Un matin, en sortant de ma chrysalide en plume de canard, la plante de mes pieds me chatouillait plus que d habitude et je décidai de partir en solitaire à San Marcos Sierra, par le chemin de terre.

J ai beaucoup apprécié la ballade, les paysages tantôt bucoliques, avec le lac et les montagnes pelées noires en arrière plan, tantôt oniriques presque surnaturels avec les roches oranges et roses, érodées par le temps et le vent. Elles semblaient abriter des habitations troglodytes. Pas étonnant que la région propose la visite de lieux où ont aterri des ovnis...
Chaque nouveau versant réservait ses surprises. Je m arrêtais parfois tous les 20 mètres pour contempler, écouter et sentir la nature et le silence peser sur mes épaules.

La première nuit recherchant le calme, je passais la soirée en tête à tête avec un feu riquiqui ( pour cause de grand vent), une casserole de pâtes à l eau et un conte d Horacio Quiroga, sur pourquoi les flamands roses ont les pattes roses. Je désirais plus que tout vivre l indépendance, l intimité, la solitude, l immédiateté d une envie assouvie sans réunion au sommet. Chacun de nous ressend à des moments ce besoin de se retrouver...

Je n ai atteint le Rio Quilpo que le lendemain midi, après un réveil magistralement orchestré par les oiseux du coin. Perchée jusqu aux oreilles sur mon hamac, je savourais le spectacle, incognito.
La veille m avait permis de me ressourcer suffisamment pour me préparer à une rencontre toute particulière...

Le premier échange avec Don Carlos fut des plus épiques. Il sauva ma bouteille d eau d une mort certaine, lâchement tombée au fond de son puit. Il m invita ensuite très naturellement à sa table pour partager le déjeuner.
Une relation d échange mutuel s installa très rapidement. Lui semblait avoir besoin de compagnie, vivant seul dans sa ferme perdue dans la vallée, et moi ayant soif d apprendre. Lorsque je lui proposai de l aider dans ses tâches quotidiennes il m invita à traire ses chèvres.

C est ainsi que commença une courte mais savoureuse vie d Heidi !
Je me suis vraiment sentie fille de la ville. Le simple fait d attrapper les chèvres, ma peur de leur faire mal en les trayant étaient vraiment risibles. Avec la pratique plusieurs fois par jour, ça s est quand même un peu amélioré. On les trayait le matin pui il les laissait paître toute la journée. Par la suite nous avons fait du fromage ( je laiserais la recette sur "Glaneries de voyage"). Il m emmena me balader à cheval le long de la rivière, limpide, bordée d un tas de plantes, dont il m enseigna les propriétés (savoir hérité de sa grand mère). On visita la "casa de las piedras" (maison de pierre), lieu sacré des indiens Comechingones, une sorte de grotte, sanctuaire où ils réalisaient des cérémonies dans le but de soigner les gens.

J appréciais sa simplicité, les matés sucrés que nous prenions ensemble, lui me parlant de médecine orientale et moi tricotant, l oreille avide. Une intimité et une réelle complicité paisible berça ces deux jours de rêves. J ai savouré le calme de sa vie et quelques peu souffert lorsque j ai pris conscience de sa solitude.

Les adieux ont été assez durs car il voulait que je reste plus longtemps, lui aussi avait besoin d un compagnon de route. "J ai encore tant de choses à t apprendre!", me disait il. Et il avait bien raison. C est toujours très délicat, la rencontre qui t enrichit, celle où tu aimerais pouvoir rendre la pareille, où tu te sens bien, assez bien pour rester plus, te poser peut être?...
Mais le voyage et ton fil personnel reprend le dessus et tu décides de continuer à tracer la route à la recherche de je ne sais quoi. Ça m a laissé un pincement au coeur, une profonde reconnaissance envers cet homme, Don Carlos...

J ai retrouvée les louloux, toute ragaillardie par cette expérience courte mais intense de l émancipation du groupe, le retour dans la famille, prête pour de nouvelles aventures...

1 commentaires:

Anonymous Sim Fallot a dit...

Qui a écrit et si bien décrit son escapade ?
Votre blog donne envie d'être avec vous. merci de nous faire partager vos découvertes !

24 juin 2010 à 10:07  

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