Zârmalouloux Blog

4 mai 2010

Histoire d une rencontre

De :
Córdoba capitale à Frías, Santiago del estero, Argentina
25/03/2010 - 17/04/2010


Et puis il nous a fallu quitter Córdoba.
La veille de partir et de reprendre la route du nord, nous avons croisé un p'tit gars d'allure fort sympathique. Le temps de lui expliqué nos projets à moyen terme, à savoir gagner la Bolivie en passant par San Miguel de Tucuman, Salta (provinces du nord argentin), qu'il était déjà prêt à nous suivre pour compléter la caravane Zarmalouloux.

"Soit! Départ demain à midi, tu nous rejoins chez Sebastian et on prend la route ensemble."
" Au fait, comment t'appelles tu?"
" Juan Pablo"


Et le lendemain, nous avons vu Juan Pablo débarquer avec son p'tit vélo et son sac fixé habilement au porte bagage avec des chambres à air usagées. Il n'a pris que le strict nécessaire, à savoir un change et la trompette ( dans sa caisse anti choc). Pas de place pour prendre autre chose, le sac a dos n'étant pas extensible. C'était ou le duvet ou la trompette, sans hésitation la trompette c'est bien plus chouette! Le temps de dire au revoir à Sebastian, de le remercier chaleureusement, nous avons repris la route.

Pendant presque un mois, "el Santiagueño" (originaire de la province de Santiago del Estero), nous a acompagné sur les chemins, muni de son sourire et de sa bonne humeur. De nature très simple et toujours de bonne composition, il nous a fallu néanmoins quelques jours d'adaptation pour appréhender son langage. Un franc parler avec un accent de Santiago de l'Estero ou les R se prennent pour des L, les phrases sont des mots, les oreilles ont des maux de tête tant l'élocution est un sprint, le flot de sons semble ininterrompu, impossible de discerner autre chose qu'un début et une fin.
Mais une fois que l'oreille s'acclimate, qu'elle se déforme pour mieux saisir chaque mot, chaque syllabe alors on découvre un discours plein de respect pour l'Homme et pour la nature ( et pour la pâte de coing!).




Nous avons découvert avec Juan Papi un autre visage de l'Argentine, celle du nord, plus désertique, plus sèche, plus montagneuse, celle où toutes les plantes possèdent des épines ( pour mieux recueillir la rosée du matin et pour éviter l'évaporation). D'ailleurs au bout de la 13ème crevaison nous l'avons baptisé "le monde des épines". Nos pneus Swchable Marathon réputés increvables n'auront pas tenu leur réputation plus de 2 mois en Amerique du Sud!! Nous tombons des nues.

Avec Juan nous avons pédalé, grimpé, chanté, trinqué, rigolé, partagé des chapatis (sorte de galettes de pain cuites au feu de bois), nous nous sommes serrés fort dans les bras pendant de longs moments, tous ensemble comme un seul homme tellement on était content parfois.



Il est des gens qui nous accompagnent pour un p'tit bout de chemin, de manière parfois très simple, ils sont juste là et je me convaincs des fois que c'est comme s'ils avaient toujours été là. D'ailleurs sont-ils vraiment partis?

Et puis un après midi, Juan Pablo est parti sans nous dire que c'était un départ définitif, nous l'avons appris le lendemain par un ami commun de la ville de Frias où nous nous sommes arrêtés quelques jours.

Une sacrée rencontre, un ange musicien qui fait sonner sa trompette avec une énergie rare, qui gratte sur les cordes de la guitare une Chakarrera (rythme folklorique de la région) endiablée et qui chante "su corazon enamorado" dans sa langue maternelle de Santiago comme personne.
Empli d'amour et de fraternité, il nous a acompagné un mois et par moment, quand je traine a l'arrière du peloton, en pédalant sans conviction vers un autre ailleurs, je me retourne, certain qu'il en manque un, espérant apercevoir une silhouette loin derrière nous, découpée sur l'horizon, une silhouette qui pédale en soufflant dans un tube de fer entortillé.


1 commentaires:

Anonymous tonio vicquette a dit...

émouvant... Quelle belle rencontre !

10 mai 2010 à 10:01  

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