Les multiples visages du Mexique...

Les premiers coups de pédale au Chiapas vont très vite me montrer le contraire. Au coeur de ces montagnes abruptes, l'impérialisme américain a du mal à se frayer un chemin. Dans l'ombre de ces forêts épaisses, quelques hommes et femmes agissent pour être reconnus, pour pouvoir s'auto déterminer et pour que la culture et la tradition millénaire de leurs ancêtres Maya continue à vivre. Du mouvement zapatiste nous n'aurons vu que des traces. Des peintures sur les murs des écoles des villages relatant l'histoire du mouvement et appelant à continuer la lutte. Des personnes nous racontant comment se passaient les assemblées populaires dans toute la région pour que chacun puisse faire entendre sa voix. Aujourd'hui la lutte continue mais dans l'ombre car comme on dit ici: "pour vivre libres, vivons cachés".
Le Mexique est d'abord une terre de mystères au passé très riche.
Les paysages de forêts tropicales et cascades gigantesques vont faire place, avec l'altitude, à des forêts de pins très similaires à celles que l'on peut voir en France. Après 4 jours d'ascension, nous arrivons à San Cristobal de las Casas, où Lisa, une amie de Lille, nous attend avec son vélo, des chansons à partager et plein de bonne humeur à revendre pour un mois de voyage au sein de la famille zarmalouloux. C'est dans cette ville que nous allons découvrir le "Son Jarocho", musique traditionnelle jouée dans les villages autochtones et métissés de la côte de Veracruz. Ça c'est passé lors d'une soirée à laquelle nous sommes invités, dans une maison de fous de musique et de fête, où le "son jarocho" est joué et dansé chaque semaine.
Les poètes du "son jarocho" sont avant tout des improvisateurs et de nouveaux couplets modernisent sans cesse les chansons traditionnelles. Pour l'histoire, cette musique est née de la rencontre de rythmes africains (arrivés ici lors de la "traite des noirs") et de rythmes espagnols, et notamment andalous, où s'entend aussi l'influence de la culture arabe. Voulant sûrement participer à cette orgie musicale, un âne s'est même invité, ou plutôt le squelette de sa machoire, qui fait une très bonne percussion quand on sait lui faire vibrer les dents au son de cette musique entraînante.
Un petit voyage pour vos oreilles et une spéciale dédicace à la Lisoute...
Le Mexique c'est aussi une terre de métissage... On dit ici que les mexicains son comme le "mole" (sauce typique du mexique avec du chocolat entre autre), un mélange de cents ingrédients bien étrange mais qui donnent une saveur bien typique et originale.


Une autre plage nous appelle, dans l'Etat de Guerrero, la playa Michigan. Nous nous y dirigeons pendant que notre soeur Lisa se redirige vers la France après un mois de pur bonheur. Et nous, nous nous installons sur ce coin de paradis où Cyrilo a vécu un an et demi (il y a 4 ans) à s'occuper de la protection des tortues marines.
Des levers de soleil rouges flamboyants se refflétant dans la tranquillité de la lagune. Des vagues gigantesques sur lesquelles les pélicans s'amusent à surfer (aller se baigner c'est comme aller au front avec la puissance de ces vagues). Et la nuit, le sourire complice de la lune qui nous accompagne lors de nos marches à la recherche des tortues qui viennent pondre. Les mayas décrivent notre Terre comme une tortue se déplaçant dans l'univers (voir article de Cyrilo). Cette image me saute aux yeux lorsque, passant ma main sur la carapace de la tortue en train de pondre, le plancton fluorescent qui s'y est déposé s'illumine pour former une voix lactée

Le Mexique c'est aussi des endroits magiques à la vibration bien spéciale.

De retour à Tepozlan, le père de Juanin, anthropologue spécialisé sur le culte chamanique, nous en apprend énormément sur les rituels des différentes ethnies du pays. Un de ses neveux, souffrant de problèmes graves à la jambe qu'aucun médecin n'a pu résoudre, est venu ici de Madrid, pour se faire soigner par un guérisseur aux pouvoirs mystérieux, connu dans tout le Mexique.
Le Mexique c'est aussi un pays où la plate réalité et le mystique se confondent et s'obsèdent
Cinq jours de vélo plus tard, nous arrivons à Queretaro pour la fête du quartier. Dans les rues, des hommes et femmes de tout âge, et toute couleur de peau, défilent, vêtus des habits de cérémonie des différentes ethnies de la région. Tout le monde danse au rythme des tambours, les costumes faits de plumes gigantesques, de têtes d'animaux et de signes mystérieux sont pures explosions de couleurs
Le Mexique a de multiples visages mais dans ce pays comme dans toute l'amérique latine, un même esprit est là. Il a survécu et il renaît aujourd'hui au sein d'un peuple métissé. C'est l'esprit qui a habité ce continent avant l'arrivée des espagnols.
Et une chanson qui nous a poursuivi dans tous les pays que nous avons traversé à vélo en est l'exemple:
Soy un niño salvare, innocente, libre, silvestre
Tengo todo los edades, mis abuelos viven en mi
Soy hermano de los nubes y solo se compartir
Se que todo es de todos y que todo esta vivo en mi
Mi corazon es un estrella y soy hijo de la tierra
Viajo a bordo del espiritu y camino a la eternidad
Je suis un enfant sauvage, innocent, libre, sylvestre
J'ai tous les âges, mes ancêtres vivent en moi
Je suis frère des nuages et sais seulement partager
Je sais que tout est à tout le monde et que tout vit en moi
Mon coeur est une étoile et je suis fils de la terre
Je voyage à bord de l'esprit et chemine vers l'éternité.
Sur ce je vous laisse... portez vous bien... des bises à tout le monde...
Yanoche