Zârmalouloux Blog

26 juil. 2012

L'effet Ying-Yang




La Chine ou la claque culturelle !

Impressions pele mele apres trois mois passes en Chine (Mai a juillet 2012)

Une multitude de details qui font vraiment la difference.  Les 1,5 milliard de chinois forment un ensemble heteroclite ( multiethnique avec tout de meme une majorite de Hans, soit plus de 90 %), une masse de personnes dont la curiosite exacerbee s'amuse a creer en moins d'une minute, des flots de mouvements humains, des manifestations improvisees. Les chinois possedent cette fraicheur presque naive qui les rend tres bon public alors que tu es juste en train d attendre le bus ou de demander ton chemin. A chaque fois que nous nous arretons c' est presque l'emeute. Les questions, les rires fusent, les yeux et les sourires s'elargissent. Ils commentent en se poussant de l'epaule, hilares, quoi que nous fassions.


Ne pouvant pas voyager a l'etranger sans autorisation prealable du gouvernement, seuls les gens tres aises peuvent se payer le luxe de sortir du pays. Ainsi, un etranger est toujours l'objet de beaucoup, beaucoup d'interet. L impression qui se degage lorsque tu parles avec un chinois ayant toujours vecu en Chine est percutante. Il vit vraiment sur la planete Chine et ce que tu es, ce que tu representes est une perpetuelle surprise pour lui, un mystere un inconnu insaississable du a une telle difference culturelle et une certaine ignorance parfois du monde exterieur. En effet les medias et l opinion publique sont tres controles ( peu de chaines, toutes nationales) sites internet interdits, protectionisme culturel (ici 'QQ" remplace "facebook" et "YouQU" "you tube", etc) et economique (on consomme en premier lieu des produits chinois). Le travail, la competitivite et l enrichissement economique sont les leitmotivs de la societe actuelle chinoise qui semble, vu de nos velos en perpetuelle expansion liberale et industrielle. Bizarrement, c est le pays le plus capitaliste au niveau economique et sociale que nous ayons croise.


La religion, les traditions, les intellectuels et la bourgeoisie de l'epoque ont pris un sacre coup dans l'aile pendant la revolution culturelle, organisee par le gouvernement de Mao Zedong : 1966-1976 (mort de Mao). L'idee etait de purger "le Parti Communiste Chinois", donner moins de pouvoir a la bureaucratie et detruire les "4 vieilleries" : vieilles idees, vieilles habitudes, vieille coutume et vieille culture, contre l'imperialisme americain et les traditions religieuses. C est dans ce cadre que des milliers de temples, sculptures furent detruits, peintures, livres de genealogie et litterature chinoise brules par la milice des "Gardes rouges".C 'est tout un patrimoine, une memoire collective architecturale, picturale, litteraire et spirituelle qui a disparut a cette epoque. A la mort de Mao, Deng XiaoPing reprend le pouvoir avec une devise, leitmotiv de la mentalite chinoise actuelle : "Enrichissez vous !"




Dans ce contexte historique et politique totalitaire, on comprend mieux l' interet nul accorde a la politique, l'ignorance due a l'habitude (imposee par la violence et l'education) de croire tout ce que le parti unique dit et donc de ne pas se rebeller, l'atheisme croissant, la course au profit.


D un autre cote, la Chine est tres vivante, ca parle fort, ca rigole franchement, ca chante, ca se bouscule, pas de chichis ni courtoisie, tu dois faire ta place, au pays de la multitude, le premier arrive est loi, heu... roi. Pour la circulation c est le meme combat, ni vraiment a gauche, ni vraiment a droite, pour l'empire du milieu une seule regle : fais ce que tu veux, impose toi et sois attentif a la voiture qui deboule. Dans notre top : la voiture qui arrive a toute allure d une petite rue, pile a quelques metres de toi puis passe au ralenti devant tes yeux ebahis!

La chine c est aussi la modernite et l archaisme qui font une ballade dans le present, s' attirant et se repoussant comme des amants aimants. Des megalopoles de plus de 20 millions d'habitants aux grattes ciels innombrables ( il y en a toujours en construction partout) contre des immensites naturelles ou vivent encore quelques ethnies minoritaires, survivant avec leurs traditions, leurs habits, leurs langues et mode de vie a l envahisseur presque omnipresent, les Hans (province du Yunnan, Sichuan, Xin Jiang). MalheureusementL le genie civil chinois possede un terrain de jeu sans bornes ( tunnel, terrases dans le Yunnan, pont titanesque et barres d immeubles champignons...) qui menace les minorites et la nature.






Mais qui habite ces immeubles flambants neufs ?

Peut etre jamais personnes car la politique est de construire encore et encore dans le but d'assurer la competitivite immobiliere et eviter l inflation au niveau du logement ( ca gratte la tete tout ca...)

L'est est deja presque completement conquis par la globalisation, l'industrialisation, la production et la consommation de masse tandis que ces provinces plus sauvages, plus montagneuses ou desertiques et moins peuplees offrent encore de l'emerveillement pour l amoureux des grands espaces et des traditions culturelles.


Les chinois se reunissent beaucoup en dehors de chez eux. ILs vivent souvent dans des espaces reduits voir riquiquis en ville. Il y a une multitude de salon de Ma-jong ( se jouant avec des dominos speciaux), cartes et jeu de GO, ca parie et ca rigole bien.
Dans les parcs publiques, a Orumqi par exemple, le matin de 7 a 10 c est cours de Tai chi, le soir, entre 50 et 100 personnes dansent sur de la musique techno ou orientale en executant des mouvements d'un temps ancien a l'unisson. Cela va du papi, a la jeune fille en passant par la femme accomplie. Les Ouigurs (ethnie musulmane du nord ouest) mais aussi des chinois se retrouvent pour la danse du poulet ( danse traditionnelle ouigur), tappant des mains et realisant des joutes dansees.

Avant chaque tour de travail, toute l equipe se retrouve devant l'entreprise ou la boutique pour une preparation physique et morale en commun ; massage, cris de guerre, echauffement rythmique et danse, tous ensemble.

Dans le parc si tu flanes un peu tu assisteras a des spectacles incongrus et poetiques. Cela va des anciens qui baladent leurs oiseaux de compagnie en cage, papotant joviales sur des bancs, l animal perche paisiblement sur la branche de l arbre ombrelle; une troupe d amis fouettant avec precision et entrain une toupie en bois et metal qui reproduit un son diphonique vraiment mystique , en passant par la reproduction sur les dalles du sol, au pinceau et a l eau, de messages bienveillants en caractere chinois ( tradition bouddhiste liee a l impermanence des choses, a l absolu contenu dans l ephemere).

J aime leur spontaneite, leur enthousiasme, ce sont parfois comme de grands enfants, impatients et curieux, qui te prennent le velo des mains pour aller faire une viree. Cependant leur manque d'empathie parfois m a beaucoup pese. Leurs excitation et empressement, ajoute au mystere que vehicule l'etranger les rend souvent sans genes, il ne se preoccuppent pas de toi, des kilometres parcourus ce jour la, de la fatigue, de leur nombre demesure, agglutine autour de ton infime personne. Tout ce qu ils desirent c est te prendre en photo avec eux. Ils ne sont bien sur pas tous comme ca, ils prennent aussi souvent le temps de partager  une conversation avec toi autour d une bonne pasteque. En fait, nous sommes passes tout au long de la Chine par des etats extremement opposes, parfois d un instant a l autre, pris de colere puis amuse ou encore attendri. C etait vraiment eprouvant. La multitude, le bruit, l'activite et la ville ca nous a pas mal ronger les nerfs.



C est completement Ying yang la Chine comme experience :


* Les toilettes consistent souvent ( surtout en campagne) en une rigole ou les cloisons ne sont pas de rigueur. Alors que je coulais paisiblement un bronze ma voisine de fortune entama la conversation :

- D ou venez vous? Que faites vous ici? Ou allez vous?

Apres la premiere surprise et ayant perdu toute pudeur je balance les quelques phrases que je connais pour expliquer le voyage. Elle repart ravie et moi eberluee!



*Des voitures dernier cri (VROUUUUUUM ! ) cotoient des velos tractant un monceau de chargement craquant et bringuebalant attache avec art a l'aide de tendeurs et cordes.



*Ici, se moucher est malpoli alors tout le monde crache par terre a grand renfort de sons caverneux et autres raclements de gorge.



* Dans les restaurants tu trouveras des seaux a vomi, la crise de foie passe inapercue , par contre bannissez la detente au niveau des flatulences, les pets ne sont pas socialement apprecies a l'inverse des rots qui sont toleres.



*Les gestes que l on croyait universels ou juste comprehensibles par le mime et dans un certain contexte ne le sont pas ici. Ainsi Yanoch pris pour un virtuose de la musique classique se fait presque apporte un piano a queue lorsqu il mime internet, le doux tappotement du clavier, la souris qui s agite en cliquant.



*Ici c est tout ou rien avec les gens. Soit ils t'accueillent a bras ouverts, se mettant en quatre pour que tu te sentes bien, soit ils t envoient paitre sans detours, bougons ou carrement desagreables, quelques mots craches au visage, un petit tour et puis s'en va.


*Les chinois fument enormement, si vous decidez d'arreter n'allez pas tenter les diable en Chine, ils offrent systematiquement une ou des cigarettes lorsqu ils vous rencontre. par contre demander un cigarette est malpoli !


*Nous avons beaucoup rie sur les noms des marques de contrefacon. Notre selection podium : "Abibas" pour "Adidas", "Nibe" pour Nike, "Lagoste" et mon prefere "Kipa" au lieu de "Kappa".


*Les filles sont tres coquettes et l ideal de beaute est la blancheur. Dans toute l'Asie de l' est, la creme blanchissante est LE produit phare chez les filles.


*La medecine chinoise traditionnelle est encore tres pratiquee et economique : acupuncture, moxibustion ( ampoule de verre que l on chauffe et que l' on colle sur les parties du corps douloureuses), masse en tout genre, reflexologie...

*Par contre les hopitaux sont bondes et tu te retrouves dans une salle a jouer des coudes pour approcher l'unique medecin present dans la salle, deja entoure d une foule de patient.

*La politique de l'enfant "unique" est toujours en vigueur bien qu'assouplie dans une certaine mesure. Les gens en ville ont le droit a avoir un enfant, les gens en campagne deux et les minorites ethniques trois. Si tu depasses ce quota tu dois payer une amende a l'etat sinon l'enfant sera mis sur liste noire, sans droit a l'education ni a la sante, considere comme inexistant au yeux de la societe.

                                                                                                                                                                                    En conclusion, on peut dire que la Chine c est tout simplement tres tres tres different !
C est une realite aux milles raisons et milles facettes qui merite le detour car elle heurte, derange, surprend. Elle permet aussi de comprendre une mentalite tres loin de nos idees et ideaux, un pan important de l'histoire du 20 e siecle,  les moyens et les consequences d une telle politique adulant la croissance au detriment de l'homme et de notre support de vie, la terre.






 Les paysages encore epargnes sont incroyablement beaux et grandioses. Les gens sont adorables comme partout, ouvrent leur coeur et leurs bras sans compter. Ce pays nous aura beaucoup remis en question, fait debattre, enrager et surtout rire.


Sur ce on vous envoie de douces pensees acidulees au lait de jument fermente que l'on deguste avec des quantites  de pain et de fromage monstrueuses, en ce moment au kazakstan, un pays qui caresse dans le sens du poil et repose beaucoup en attendant l'arrivee des motives (familles et amis) pour une etape Kirguizistan qui promet d'etre intense.

Bien a vous.

Les zarmalouloux




5 juil. 2012

La haut... au Lao



L'entree au Laos (ou Lao comme on dit ici) c'est d'abord la traversee d'un pont pour passer de l'autre cote du Mekong. Les routes s'entrecroisent et on se remet a rouler a droite. On reprend tres vite les bonnes habitudes, et bien on s'est tellement bien sentis lors de notre 1er passage dans ce pays que revenir au Laos c'est un peu comme revenir a la maison.

Celle que je surnomme volontier "ma gazelle", Oceane, est restee de l'autre cote de la frontiere avec son fidel destrie: "Pepita". Elle y attend la nouvelle recrut de la famille Zarmalouloux, son frerot, le bien nomme Kevin, l'homme le plus "flex" du monde. Il y a quelques jours, il pensait encore s'envoler pour l'Indonesie avec sa soeur et il a finalement choisi de nous retrouver et de vivre cette aventure en velo au Laos et en Chine pour le meilleur et pour le pire.

Le jeu des 7 familles est lance. Famille Goubard: le frere et la soeur. Le pere Jedrewesky debarque suivit par la mere et le pere Ravary. On passe une semaine dans cette capitale a echelle humaine dans une ambiance de grande famille! 

Nos premieres nuits, c'est dans la chaleur equatoriale d'un petit hotel. Le soir, nous faisons la tournee des restaurants pour partager de la musique, de la joie y mucho amoorrrr en echange de monnaies, de sourirs ou de nourriture. Vers 23h nous tombons sur un bar remplit d'expatries. Nous y rencontrons Regane et ses comperes qui des le lendemain nous acceuillent dans leur logis ou nous jouons un spectacle devant un public d'expatries de pays varies et de quelques laosiens.

Suzanna, une cyclo hollandaise toute souriante et petillante, que Cyrilo a rencontre a Phong-Pen ne tarde pas a nous retrouver et elle est vite suivie par Vince, la force tranquile, que nous avons rencontre a Siam Rep en meme temps qu'Oceane et Kevin. On passe plusieur jours en "famille tres nombreuse" dans la maison de Regane a faire de la musique et a se balader a velo. La semaine passe a toute vitesse et il est deja temps de dire au revoir aux parents. Nous trouvons des velos pour nos compagnons et reprenons l'aventure nomade a 11.


Le temps que tout le monde se prepare, les reglages et reparations a effectuer sur les nouveaux velos, la chaleur ecrasante de milieu de journee... certains facteurs font que nous n'avoncons pas beaucoup durant les premiers jours. Mais un vent nouveau va nous pousser et nous revivifier. "Pi may Lao!!!"... c'est le nouvel an laosien et aussi la fete de l'eau car les premieres pluies arrivent. Nous decouvrons cette tradition un matin en allant dejeuner dans un petit restaurant. En partant, le patron nous souhaite bonne chance pour notre voyage et sort une bouteille d'eau de son frigot pour nous en verser un peu sur la nuque.

Rouler a la fraiche ca change tout... apres une bonne journee on arrive en fin d'apres midi pres d'un magnifique lac entoure de villages debordants de bonheur et de sereinite. Au coin d'une rue nous presentons des numeros de jonglage et d'accrobaties devant un public ravit ou toutes les generations sont presentes. La nuit tombee, on demande l'hospitalite a un moine. On plante les tentes sur le terrain du temple bouddhiste et on cuisine au coin du feu entoures par des dizaines d'enfants curieux venus echanger avec ces "etranges etrangers". Au milieu de la nuit, des locaux charges de la securite du village, reveillent certains d'entre nous pour nous dire que nous devons partir de ce lieu car les touristes doivent dormir a l'hotel. Apres des discutions difficiles ils finissent par nous laisser dormir mais nous demandent de l'argent au matin lorsque nous partons.  

Meme dans ce pays ou la tradition est tres presente et ou le temps dure tellement longtemps que rien ne semble changer, les choses parfois evoluent. Sur la route, ce n'est plus des personnes au sourir paisible qui nous acceuillent avec des flasques d'eau. Ce sont des jeunes surexites de notre venue a velo, dansant sur des musiques electros des annees 90, qui nous aspergent avec sceaux d'eau, tuyaux d'arrosage et pistolets a eau... tout en nous tendant une biere. Sous cette chaleur ecrasante, se faire arroser tout les 10km c'est du pure  bonheur!


Sur la route, apres plusieurs rafraichissements en sceaux d'eau et verres de biere, nous arrivons a Vang Vieng. Ce village est entierement voue au tourisme, et en arrivant ici on a un peu l'impression de ce retrouver aux Spring-Breaks delocalises au Laos! C'est toujours Pi mai Lao mais revisite a la sauce ketchup et bucket de vodka. On passe par des rues ou s'enchainent les bars au fort volume musical. Une bataille d'eau geante fait rage... plein de jeunes Australiens, americains et Europeens s'affrontes avec des pistolets a eau toujours plus gros. Plein de touristes ici viennent au Laos pour pouvoir faire la fete comme chez eux mais avec du soleil et pour pas cher. Tout le charme du Laos, qui a disparut en ce lieu, leur sera surement inconnu. Tout le monde ne voyage pas pour les memes raisons...

Mais si ce village est devenu touristique, c'est surtout parcequ'il est entourre de magnifiques petites montagnes. Les paroies escarpees aux roches sisaillees semblent avoir poussees comme des champignons aux milieu des rizieres. Des grottes gigantesques y sont nees grace au passage de cascades et rivieres souterraines a la saison des pluies. Nous passons plusieurs jours a visiter les magnifiques meandres de notre Terre loin du brouaha touristique. 

A l'aide de lampes de poches et de briquets nous avancons a tatons et decouvrons des salles au murs de 30m de haut qui seront parfois le lieu d'un theatre d'ombre improvise. Avec une trentaine de bougies nous eclairons les stalactites ocres, terres, roses, rouges et jaunes. La grotte, qui etait un lieu obscur ou l'imagination se complet a se perdre, prend alors des aires de temple paisible ou la serainite est omnipresente. Je me mets a croire que les grottes etaient surement les temples des premiers Hommes. Cette idee m'est aussi peut etre venu a la tete car certaines stalactites plates, lorsque l'on tappe dessus, font un bruit similaire aux gongs des temples bouddhistes. Berces par cette athmosphere, nous avons remonte le court d'eau souterrain en poussant nos voix a l'unisson pour ressentir l'espace et la vibration de ce lieu magique.

En s'eloignant un peu des lieux figes par le tourisme de consommation on vit tres vite au Laos des experiences magnifiques! Que se soit les montagnes qui nous les offrent ou ses habitants.
La suite du recit de nos vies un peu plus tard... Apres Vang Vieng, nous avons rouler sur de sublimes montagnes et rencontre des Laosiens transpirant la joie de vivre. La haut, au Lao, toujours plus haut, dans ce pays qui rechauffe le coeur et qui aiguise le sourir.

Yannoch