Zârmalouloux Blog

1 oct. 2011

Les multiples visages du Mexique...

Un petit retour sur ces derniers mois a Mexicooo... une petite histoire avec de la musique d'ici et des dessins de ma main pour un bout de voyage en plus avec nous...

L'entrée au Mexique c'est d'abord un poste frontière gigantesque avec militaires à l'accueil, des rues très larges où circulent des pick-up énormes, des ribambelles de fast-food... au début j'ai eu peur que ce pays ait perdu toute la richesse qui m'avait séduit en Amérique centrale... qu'il soit devenu un Oncle Sam portant le sombrero et la moustache.





Les premiers coups de pédale au Chiapas vont très vite me montrer le contraire. Au coeur de ces montagnes abruptes, l'impérialisme américain a du mal à se frayer un chemin. Dans l'ombre de ces forêts épaisses, quelques hommes et femmes agissent pour être reconnus, pour pouvoir s'auto déterminer et pour que la culture et la tradition millénaire de leurs ancêtres Maya continue à vivre. Du mouvement zapatiste nous n'aurons vu que des traces. Des peintures sur les murs des écoles des villages relatant l'histoire du mouvement et appelant à continuer la lutte. Des personnes nous racontant comment se passaient les assemblées populaires dans toute la région pour que chacun puisse faire entendre sa voix. Aujourd'hui la lutte continue mais dans l'ombre car comme on dit ici: "pour vivre libres, vivons cachés".

Le Mexique est d'abord une terre de mystères au passé très riche.

Les paysages de forêts tropicales et cascades gigantesques vont faire place, avec l'altitude, à des forêts de pins très similaires à celles que l'on peut voir en France. Après 4 jours d'ascension, nous arrivons à San Cristobal de las Casas, où Lisa, une amie de Lille, nous attend avec son vélo, des chansons à partager et plein de bonne humeur à revendre pour un mois de voyage au sein de la famille zarmalouloux. C'est dans cette ville que nous allons découvrir le "Son Jarocho", musique traditionnelle jouée dans les villages autochtones et métissés de la côte de Veracruz. Ça c'est passé lors d'une soirée à laquelle nous sommes invités, dans une maison de fous de musique et de fête, où le "son jarocho" est joué et dansé chaque semaine.
Les poètes du "son jarocho" sont avant tout des improvisateurs et de nouveaux couplets modernisent sans cesse les chansons traditionnelles. Pour l'histoire, cette musique est née de la rencontre de rythmes africains (arrivés ici lors de la "traite des noirs") et de rythmes espagnols, et notamment andalous, où s'entend aussi l'influence de la culture arabe. Voulant sûrement participer à cette orgie musicale, un âne s'est même invité, ou plutôt le squelette de sa machoire, qui fait une très bonne percussion quand on sait lui faire vibrer les dents au son de cette musique entraînante.

Un petit voyage pour vos oreilles et une spéciale dédicace à la Lisoute...






Le Mexique c'est aussi une terre de métissage... On dit ici que les mexicains son comme le "mole" (sauce typique du mexique avec du chocolat entre autre), un mélange de cents ingrédients bien étrange mais qui donnent
une saveur bien typique et originale.



Il est temps de reprendre la route. Et quelle route! Une descente qui tranche dans le vif de la montagne pour passer tout droit en empruntant un pont gigantesque où l'on se sent voisin des rapaces et des nuages. Puis en entrant dans l'Etat de Oaxaca, ce sont des jours de pluie torrentielle qui nous tombent dessus pour des journées de vélo à la fraîche. On finit par apprendre que 100km plus loin, il y a des inondations, que la route a été détruite, et qu'aucune voiture ne peut passer. Problème... l'autre moitié du groupe, qui a préféré la route côtière à celle des montagnes du Chiapas, est à 300 km devant nous, à Mazunte. Si nous ne pouvons pas passer, nous devrons faire une large boucle par les montagnes pour les rejoindre. Premier obstacle, un fleuve a emporté une partie du pont. Les machines amassent un monticule de terre et nous pouvons passer en portant les vélos. Plus loin, certains champs sont complètement submergés, la route s'est effondrée, un cours d'eau s'est formé et emporte pancartes de signalisation et branches mortes sur son chemin. Des centaines de gens passent à pied, de l'eau jusqu'aux genoux, pour rentrer chez eux sans s'affoler.
Au final ça passe et nous arrivons à Mazunte. Nous y faisons la rencontre de Penny et Marianna, amies mexicaines de la Fourmie et nouvelles comparses de l'aventure à vélo. La famille s'agrandit, nous sommes maintenant 10 et la parité est de mise. Sur cette plage touristique, seules des cahutes, sans trop de lumière, sont présentes pour ne pas effrayer les tortues marines qui viennent pondre. Nous faisons la rencontre de voyageurs français, installés ici pour quelque temps, qui jouent dans les nombreux restaurants de la musique balkanique à l'accordéon et à la clarinette. On se lance d ailleurs dans une "minga" allègre pour construire la terrasse et une mezzanine dans leur cahute. Pour gagner un peu d'argent, et se faire inviter à manger, nous débarquons à 10 dans les restaux pour jouer une "cumbia campesina" endiablée. Et on nous a même invité à jouer une heure durant.

Une autre plage nous appelle, dans l'Etat de Guerrero, la playa Michigan. Nous nous y dirigeons pendant que notre soeur Lisa se redirige vers la France après un mois de pur bonheur. Et nous, nous nous installons sur ce coin de paradis où Cyrilo a vécu un an et demi (il y a 4 ans) à s'occuper de la protection des tortues marines.
Des levers de soleil rouges flamboyants se refflétant dans la tranquillité de la lagune. Des vagues gigantesques sur lesquelles les pélicans s'amusent à surfer (aller se baigner c'est comme aller au front avec la puissance de ces vagues). Et la nuit, le sourire complice de la lune qui nous accompagne lors de nos marches à la recherche des tortues qui viennent pondre. Les mayas décrivent notre Terre comme une tortue se déplaçant dans l'univers (voir article de Cyrilo). Cette image me saute aux yeux lorsque, passant ma main sur la carapace de la tortue en train de pondre, le plancton fluorescent qui s'y est déposé s'illumine pour former une voix lactée


Le Mexique c'est aussi des endroits magiques à la vibration bien spéciale.


Autre endroit magique, Tepozlan, où nous allons passer un bon moment dans la maison de Juanin, ami de Cyrilo. Les parents de Arthuro et Cyrilo nous y retrouvent et nous passons des journées à crapahuter au beau milieu de ce paysage enchanteur. Cheminées de fées inaccessibles, cascades gigantesques, amatés jaunes sur les parois rocheuses, ruines de pyramide... Nous nous chargeons de toute cette bonne énergie avant de nous rendre quelques jours à la capitale pour respirer le bon air du "smog" (nuage de pollution énorme), visiter le musée d'anthropologie (une mine d'or!) et présenter notre spectacle ainsi que des ateliers de clown, acrobaties, beat-box et jonglage durant deux jours dans une école Montessori à Pachuca.
De retour à Tepozlan, le père de Juanin, anthropologue spécialisé sur le culte chamanique, nous en apprend énormément sur les rituels des différentes ethnies du pays. Un de ses neveux, souffrant de problèmes graves à la jambe qu'aucun médecin n'a pu résoudre, est venu ici de Madrid, pour se faire soigner par un guérisseur aux pouvoirs mystérieux, connu dans tout le Mexique.

Le Mexique c'est aussi un pays où la plate réalité et le mystique se confondent et s'obsèdent

Cinq jours de vélo plus tard, nous arrivons à Queretaro pour la fête du quartier. Dans les rues, des hommes et femmes de tout âge, et toute couleur de peau, défilent, vêtus des habits de cérémonie des différentes ethnies de la région. Tout le monde danse au rythme des tambours, les costumes faits de plumes gigantesques, de têtes d'animaux et de signes mystérieux sont pures explosions de couleurs



Le Mexique a de multiples visages mais dans ce pays comme dans toute l'amérique latine, un même esprit est là. Il a survécu et il renaît aujourd'hui au sein d'un peuple métissé. C'est l'esprit qui a habité ce continent avant l'arrivée des espagnols.

Et une chanson qui nous a poursuivi dans tous les pays que nous avons traversé à vélo en est l'exemple:

Soy un niño salvare, innocente, libre, silvestre

Tengo todo los edades, mis abuelos viven en mi

Soy hermano de los nubes y solo se compartir

Se que todo es de todos y que todo esta vivo en mi

Mi corazon es un estrella y soy hijo de la tierra

Viajo a bordo del espiritu y camino a la eternidad



Je suis un enfant sauvage, innocent, libre, sylvestre

J'ai tous les âges, mes ancêtres vivent en moi

Je suis frère des nuages et sais seulement partager

Je sais que tout est à tout le monde et que tout vit en moi

Mon coeur est une étoile et je suis fils de la terre

Je voyage à bord de l'esprit et chemine vers l'éternité.


Sur ce je vous laisse... portez vous bien... des bises à tout le monde...

Yanoche

2 ans poils aux dents!!!

Et oui!!! Ca y est ca fait plus de deux ans que nous sommes lances dans cette grande aventure zarmaloulesque!!
Je me souviens encore le jour du depart on avait á peine dormi pour preparer tous les velos. Quand on a lance les premiers coups de pedale, on avait tous le trac de savoir si on pourrait faire avancer ce velo tant charge.
Mais des que l'on a ete lances avec tous les gens qui nous accompagnaient, avec leurs sourires et leurs coeurs, toute la pression accumulee a subitement disparu (il fallait faire de la place pour toute les experiences qui forment le voyage).
Le rythme du velo a commence á resonner dans nos jambes, dans nos coeurs, dans nos tetes. Et il ne s'est pas arreté depuis...
Enfin si quelque fois comme ca, on s'est arrete plusieurs jours, voir plusieurs semaines dans des lieux. Mais toujours l'envie de faire du velo reprend le dessus.
Quand on est a velo, on a notre petite routine, nos p'tites habitudes, on mange bien, on se couche tot, comme les p'tits vieux. En fait on a une vie saine, meme s'il n'y a pas la douche tous les jours. Et c'est surement pour cela qu'on est heureux et qu'on en redemande...

Pourquoi vous faites ca? C'est une question qu'on nous pose souvent. Ca arrive meme que l'on nous dise:"Mais qu'est-ce que vous avez fait pour meriter ce chatiment?"
Et finalement on ne sait jamais quoi repondre, pour connaitre, pour voir de nos propres yeux la realite des gens, pour realiser un reve, pour suivre le chemin jusqu'au bout,... .
En vrai on ne sait pas vraiment pourquoi on fait ca, et c'est sans importance. Ce qui a vraiment de l'importance, c'est le chemin que l'on est en train de parcourir, ce qu'il nous apporte, ce a quoi il nous confronte et ce qu'on lui donne au moment present!
Voila une des choses qu'enseigne le voyage, profiter de l'instant present.
D'ailleurs, on l'a peut-etre un peu trop bien compris, puisqu'on avait prevu de faire le tour de notre belle planete en deux ans... et que finalement on a fait que la moitie du chemin.

Il faut voir aussi que l'Amerique est un continent enchanteur. Et nous sommes chaque jour un peu plus enchantes d'etre partis á sa rencontre et á celle des hommes et des femmes qui le peuplent.
Il faut du temps pour pouvoir pleinement apprecier, pour comprendre les realites qui forment un lieu.
Et malgre tout ce que j'ai dit avant ce serait complique, pour le voyage que l'on est en train de faire, de s'arreter vivre dans tous les lieux qui nous plaisent.
Principalement parce que cela signifierait que l'on serait encore en Colombie a chanter de la cumbia avec les parcelos de la-bas.
En fait l'Amerique latine, on l'a decouverte petit á petit, dans sa globalite. Bien sur chaque pays a ses specificites, mais il existe une culture et une onda commune a tous ces peuples. Et meme si le panamericanisme n'est pas tellement á l'ordre du jour dans la tete de ces dirigeants, il existe d'une certaine maniere dans la facon de vivre des gens.

Ce qui nous a vraiment change, c'est la simplicite dans les rapports avec les gens, la culture de la debrouille et la vision de l'argent au jour le jour. Ce sont des choses qui existent toujours en France bien sur, mais tout est beaucoup plus controle, la bureaucracie y est beaucoup plus presente. Forcement on va me dire que ce sont pour des histoires de securite et tout cela. Mais, je pense que ca empeche beaucoup de gens de s'en sortir par eux meme.
Ici si tu n'as pas de boulot, il y a toujours moyen d'aller vendre de la nourriture dans la rue, ou n'importe quelles autres activites lucratives, pour sortir quelques pesos et continuer á vivre.
En France quand tu n'as pas de boulot, beaucoup de gens te considere comme un glandeur qui vit á la solde de l'Etat, et quand finalement tu sors completement du systeme et que tu te retrouves á la rue, la seule chose qui te reste c'est de faire la manche.
Je dis pas non plus que ce soit une bonne chose que les gens doivent avoir trois boulots, ou qu'ils doivent continuer de travailler apres leurs retraites pour nourrir leur familles.
Mais ici l'argent circule entre les gens, l'entraide est loi et il n'y a pas besoin de beaucoup pour vivre correctement. Je sais que si je te donne aujourd'hui, je recevrai demain. Forcement l'Etat ne touche pas ses petits impots la dessus, mais au final c'est ca de moins qui tombe dans la poches des dirigeants.

L'Amerique on l'a aussi, decouverte avec les louloux qui on rejoint le groupe au fur et a mesure du voyage. Ces freres et soeurs de chemin. Ils nous font decouvrir leurs pays, leurs cultures, leurs langues, ils nous font toucher du doigt des choses qu'on ne pourrait pas se rendre compte,... Simplement parce que meme si on partage une meme vision du monde, on a pas les memes mots pour en parler, et toutes ces experiences differentes nous amenent encore plus loin.
Avant de partir, on nous avait dit qu'á cinq ce serait difficile pour voyager, toujours un optimiste pour nous dire qu'on ne rentrerait pas tous ensemble. Et c'est vrai qu'on n'est toujours pas rentrer, et deja on n'est plus cinq, mais six. On a meme ete douze pendant plus de deux mois.
Je ne crois pas que la vie en collectivite soit si dure que cela. Si chacun est pret á mettre un peu du sien, en ecoutant les autres et que l'on va tous á peu pres dans la meme direction, il n'y a vraiment aucune raison pour que ca se passe mal.
Bon il faut voir si c'est verifiable dans une collectivite qui n'est pas toujours en mouvement et ou les gens ont des styles de vie differents.

Maintenant nous sommes au Mexique, c'est le dernier pays d'Amerique latine que l'on traverse. Et pas des moindre.
On se le dit souvent en ce moment, ce pays si tu en fais le tour, c'est comme faire le tour du monde, tant de diversites dans ses paysages, dans sa culture, dans sa cuisine, ... .
Et toujours cette hospitalite, cette simplicite, cette joie de vivre a fond, ...

On a tellement prit le temps dans la decouverte de l'Amerique latine, qu'on aura quasiment pas le temps de decouvrir l'autre Amerique. Celle dont ils revent tous ici, celle qui les fait tout quitter pour l'argent, pour le reve americain...
Pour arriver la bas, ils entreprennent un voyage long et dangeureux la ruta del norte sin pasaporte!! Mais le son de cloche ici change quelque peu par rapport au discours que l'on nous rabache en France. Beaucoup de gens qui immigrent aux Etats-Unis finissent par revenir de leur plein gre, quand ils ont suffisament de sous pour construire leur maison, pour ouvrir un commerce,...

Comme je l'ai dit des Etats-Unis on aura pas le temps de voir grand chose, que deja le bateau nous emmenera loin, tres loin de cette grande, tres grande ile. C'est un peu dommage, mais l'on a fait des choix et il faut les assumer.
Et d'une certaine maniere ca va faire plaisir de savoir que de lá ou l'on va debarquer, il n'y aura plus que de la terre qui nous separera de la maison, de la famille et des amis...
Bref tout ca pour dire qu'on vous aime tous, que si l'on fait tout ca c'est aussi, d'une certaine maniere, pour vous et grace a vous!!
Un grand merci pour le soutien que vous savez nous prodiguer et qui nous fait du bien et pour votre patience.
T'inquiete on arrive!

Arthuro

Qui suit un poeme sur le temps

Courir apres le temps
Et bientot c est le temps
qui commence á te les courir
Alors du coup rire
ca t'aide á voir le temps
Pas si pourri qu'autant
D'ailleurs c'est pas pour rire
quand t'as pas l'heure t'as le temps
J'ai pas ete pique par un taon
meme si le temps entend
pour te dire ca autant
si tu pars juste attends
parce que le temps ment tant
que lentement c est le printemps
Tu te rends car content
t'as le temps et pour longtemps

poet cyrilo