Zârmalouloux Blog

13 mai 2012

Savaidee khaaaaaaaaaaaaa (pour les filles) /Jaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaap (pour les garçons)

Lorsque l'on repense a un pays que l'on a traverse ; des images, des souvenirs et des sensations s'invitent immédiatement dans la mémoire. En ce qui concerne la Thaïlande, ce sont soudain des odeurs de citronnelle, de gingembre, curry, cardamome, beignets coco ou banane, soupe ou flottent indifféremment des morceaux de poulpe, porc, poulet, des sauces a la cacahuète, des salades de papaye  et de fleur de banane pas encore mures, émincées très fin avec une sauce qui arrache, des cafés frappes avec supplément lait concentre et glaçons a la pelle, insectes en tout genre, du plus gluant au plus croustillant, cuit ou frit dans des sauces épicées qui égayent les échoppes monopolisant les trottoirs de Bangkok , a grand coup de tintamarre, de fumée et  de couleurs variees aux odeurs inoubliables.
Après une nuit passée dans le train entre Ubon Ratchathani et Bangkok, j arrive en gare de Makasan les yeux pas tout a fait en face des trous.
La Thaïlande possède un système ferroviaire très étendu, lent et sympathique pour ceux qui aime admirer les paysages de campagne, les inconditionnels de la rizière et des bains de foule joyeux et remuants se régaleront.]
Je dois me rendre a 8 km de la pour confier mon vélo le temps des vacances avec mes parents. Le trafic ici est monstrueux, les artères sont recouvertes de taxis aux couleurs arc en ciel (chaque compagnie sa couleur : rose, vert, jaune, bleu, violet, rouge ; vu d'un gratte ciel, l'effet visuel est remarquable et impactant), des scooters taxis avec leurs gilets réfléchissants, des picks up, de grosses voitures nippones, américaines et coréennes, des bus, des touks touks et des vagues de piétons qui traversent plutôt surs d'eux. Je me lance dans la fosse pas très rassurée au début, mon vocabulaire balbutiant thaïlandais comme arme pour retrouver la maison de mon hôte. C'est bien moins pire que ce que je pensais, les gens sont attentifs et respectueux, il faut juste être actif, savoir s'imposer a grand renfort de gestes pour indiquer ce que tu vas faire, ne pas te laisser impressionner devant la 4 voies vrombissante, garder ton sang froid.  Occupe toi de toi et les autres usagers feront de meme. 2 heures plus tard, plein de petites cartes dessinées sur des papiers volants, quelques sueurs froides, quelques détours et raccourcis, des guides improvises en scooters ou a pied, un bon caffe glace, je sonne a la bonne porte de mon hôte, les cheveux en pagaille et le visage barbouille de graisse de velo.
J irai me doucher chez vous ! 228 e épisode...Action...
Je tiens a dire a ce sujet que je suis toujours extrêmement surprise et heureuse de voir a quel point les gens ne se formalisent pas et trouvent ca même tout naturel. Ils sont vraiment trop sympa ces humains !!!! (merci encore...)
Bangkok  est juste gigantesque. Ses constructions en béton renforce (cf : l'ex premier ministre était PDG de la plus grande entreprise de matériaux de construction) :  grattes ciels dernière génération et  centres commerciaux a faire pâlir les États Unis contrastent avec sa multitude de temples aux pagodes dorées qui s'élèvent fièrement entre deux barres d'immeuble ou encore cachées dans des ruelles pavées, bordées de maisons cubiques aux balcons scelles par  de hautes grilles où poussent des arbres centenaires aux racines dégoulinades. Dans ces rues a la personnalité toute orientale, prends garde en admirant les  les arbres pares de tissus sacres , a ne pas marcher sur des fruits, un bol de thé accompagne d'encens ou d'une bougie, disposes en offrande pour la terre mère. Cette dernière est représentée chez les bouddhistes par une belle femme qui tient entre ses mains sa chevelure, sorte de queue de cheval ou tuyau d'arrosage d'où jaillit l'eau. Dans les épisodes mythiques, elle sauva ainsi bouddha de l'attaque des démons en créant une grande inondation ou ils se noyèrent.
Pour en revenir a la végétation, de nombreuses plantes grasses, grimpantes et fleurs tropicales égayent les grosses artères comme les multiples canaux qui relient un point a un autre de la ville. On empreinte un gros bateau bus, c est le Venise a l asiatique, avec ses maisons fissurées, collées à la berge sans discontinuer, où sèche le linge fraichement lavé, les gens en barque qui font leur commerce, vestige du passe, le plus grand marche flottant de cette partie de l'Asie, de belles maisons sur pilotis, des restaurants chics, des temples paisibles et précieusement ouvrages où la silhouette fugace d un moine anime en un souffle l'essence profonde de ces beaux tableaux.
Mais la tentaculaire Bangkok, c est aussi la vie a deux cents a l heure, le concert des vendeurs ambulants, des touks touks qui haranguent le passant, la compétition musicale que s infligent les commerces voisins, le trafic, les transports en communs,le plus grand marche d'Asie du Sud est,  le temps qui file entre les baguettes. Dans le fameux Kao san Road, quartier touristique par excellence tu pourras apprécier l extension du travail des usines textiles, papiers, souvenirs en tout genre, massage thaï affiche partout, ainsi que des touristes bermudas relevés jusqu'aux cuisses qui jouissent d'un gobage de peaux mortes les pieds dans un aquarium remplis de poissons laveurs..???!!!!
Quartier chinois, quartier hindou, indonésien, cambodgien, pakistanais, malaisien (...), la capitale est polyglotte et se pare d'accents, d'habits, de saveurs et traditions cosmopolites.
Pour ce qui est du tourisme sexuel dont tout le monde parle et que les autorités cachent...mal.... je n ai pas été trainer dans ce quartier la nuit. Je sais juste qu'il existe, qu'il y a beaucoup de demande  et beaucoup de gens de différentes nationalités ( orientales et occidentales confondues) qui vivent, subissent et profitent de ce commerce de l'humain.
Je pense qu'il serait intéressant de se pencher sur le regard que porte la société orientale (différente en fonction du pays et de la région) sur le rôle de la prostitution dans la vie des gens en tant que travail et source de rémunération, dans l'économie, dans la société en général. Il s'agit aussi de prendre en compte la vision et le rôle de la femme en Asie du Sud Est, l'imaginaire autour de l'étranger, le rapport a l'argent, comment est il digne ou non de le gagner ; soit beaucoup de valeurs liées a une éthique différente de la judéo chrétienne. Cela dit nous n'avons pas réussi à éclairer ces points, nous les contemplons juste de loin, sachant qu'ils existent et essayant de ne pas tomber dans le piège du jugement a œillère occidentale.
Malgré une forte réticence de ma part a la base pour connaitre cette ville, je crois que le bilan est plutôt positif, un grand merci a Jim qui m a trimballée à droite, à gauche, au marche, dans des temples, dans les petites rues , les centres commerciaux, China town, les bons restos et pour m avoir fait danser sans complexe en basket et sarouel lors d'une "saturday night fever" digne de ce nom, dans les boites branchées de la capitale. Vive le "couch surfing" et la découverte d'une ville a travers l expérience et les yeux de ceux qui y habitent.

Les Thaïlandais sont très avenants, d'une extrême gentillesse, bavards, curieux, avec cette joie de vivre exacerbée et extériorisée qui les rend très amicaux et attachants. On sent bien l'habitude du tourisme, beaucoup de gens parlent anglais et sont ravis de l'expérimenter avec toi. Ça tranche radicalement avec la sérénité, la relax attitude, la douce et rieuse réserve laossienne. Ainsi, lorsqu'un thaïlandais te croise, il veut automatiquement t'aider et s'occuper de tout.

En Arrivant a Roi Et par exemple, nous nous faisons interviewes par la télé locale, la première en Asie.  Teeshirts roses assortis et lunettes de soleil pour cette équipe de reporter de choc. La camera nous prend sous tous les angles et les vélos sont les stars. Ils nous demandent de les recontacter pour bavarder plus a loisirs lorsque nous serons a Roi Et.
Entre temps nous retrouvons les garçons qui partent dans la foulée se doucher au temple. Siboulette et moi attendons pas en reste, en se goinfrant de beignets. C'est alors que nous voyons débarquer 3 cyclos super équipes, combinaison, casque, le vélo qui va bien et le sourire jusqu'aux oreilles.
Niti, nous explique qu'il nous a vu manger une pastèque sur le bord de la route en rentrant du travail. Arrive chez lui, il enfile sa tenue de cyclo non sans avoir au préalable appelé ses potes cyclos pour qu'ils en fassent de même. Synchronisation des montres et les voila auprès de nous, 10 km avant l'entrée de Roi Et.
- Venez dormir a la maison, nous faisons partie du groupe de cyclisme de Roi Et !
On a vraiment été pris en charge de A a Z : visite du centre ville, fameux pour son lac centrale ou il fait bon se balader, son temple avec le Bouddha le plus  rand de Thailande : 60 metres tout de même. On goute les specialites culinaires : la soupe sucree au lait de soja avec ses haricots rouges en grain, coco, gelatine et autres douceurs barbottantes non identifiees.
Nous passons la journée suivante dans l'école de musique de Chang, un bonhomme qui respire la sérénité et la bienveillance. Nous nous défoulons en improvisation dans les minis studios hébergeant guitare électrique et batterie, nous apprenons deux chansons thaï au chant et a la guitare et profitons de la générosité d'un élevé pour partager un bœuf improvise de ballade pop rock thaï.
Ce soir la, une surprise nous attend, l'équipe de choc de la télé reprend du service et s est invite chez nos hôtes pour une grande soirée entre anecdotes de voyage, musique, interview et cours de danse thaïlandaise. C'est la fête ! La bonne humeur et la joie du moment atténuent le cote camera, télévision, apparences a tenir. Nous finissons cette soirée en compagnie de Niti et Mr Wechman. Ils nous montrent le blog de leur épopée a vélo entre Vientiane et Luang Prabang ( Laos, notre itinéraire pour le mois a venir). On rit devant les photos de l'équipe de cyclos en train de manger dans un virage, sur le bord de la route, les vélos toutes roues dehors ; ou encore avec de jolies laossiennes, le sourire ravi. Après c'est a notre tour de rire de nos frimousses lors de la vidéo de départ du voyage ou de quelques aventures en Amérique.
Le lendemain ils nous accompagnent sur quelques kilomètres, non sans avoir fait le tour des amis de la ville, pris des cafes, manger des bananes, aller au resto... Avec Siboulette nous repartons équipées de nouvelles combinaisons flashys, vert pomme et violet rose... A l'instar de ces cyclos, ce contact chaleureux, cette générosité et cette joie de vivre représentent vraiment pour moi la mentalité des thaïlandais... BIG UP !!
Pour ce qui est des paysages, il y en a vraiment pour tous les gouts. Avec mes parents, nous sommes allés saluer les montagnes du nord entre Chiang Mai et Mae hong song. Une lumière de coucher de soleil éternel s'amuse a magnifier ces pics aux fières couleurs. C est un ravissement, le nez au carreau, le regard fixe sur ces courbes qui n'en finissent pas de danser en grimpant toujours plus haut. J'ai franchement pense a nous a vélo, ca n'aurait pas ete une mince affaire.
-"Heu, trois heures de montée en voiture ca fait combien  a vélo ?
La haut, on trouve plus de petits villages, ou l'on tente de garder le souvenir et les pratiques des anciens, pour eux même mais aussi pour la demande du tourisme qui en raffole. Il y a vraiment de tout : des villages Aka qui contrôlent l'arrivée des touristes et s'organisent pour récupérer les bénéfices ; des villages fantoches ou zoo humain ou l on demande aux femmes de l'ethnie Karen (femmes girafes) de venir vendre de l'artisanat dans un village construit de toute pièce pour les visiteurs ; des ethnies plus reculées encore qui survivent tant qu'on n'a pas besoin d'eux ou de leurs terres. En effet, les populations reculées du nord sont pas mal stigmatisées dans le pays face a la course infernale de l'industrialisation et "touristification" de masse  que vit la Thaïlande depuis plus de dix ans. Conséquences : de belles grandes routes asphaltées bordées de milliers d'hectares de rizières, d'usines textiles et autres ou arrivent les matières premières des petits pays voisins (Laos, Cambodge), afin d'être manutentionnées puis exportées en produits consommables a leurs expéditeurs.
Les infrastructures qui accueillent le tourisme extensif sont impressionnantes  et variées.
Dans le sud, c'est hôtels grands luxe, plage, farniente a Phuket ; plongée et orgies a Kotao ou dans les iles avoisinantes. La faune et la flore souffrent amèrement de ces arrivages incontrôlés de plongeurs inexpérimentés et de l'essence déversée lors de leurs expéditions. On entend même que certaines iles vont être délaissées petit a petit au profit d'autres pas encore attaquées par le tourisme de masse. La bas, c'est l'océan indien, des poissons en grande quantité qui sont directement envoyés a Bangkok pour la demande de la tentaculaire. Pas facile de manger du poisson locale sans escale par la capitale...Un Comble! N'empêche c'est beau et relaxant, les cocotiers, la faune recrée après avoir été rasée pour la construction des hôtels des années auparavant.
Dans le nord, les gens vont faire des treks, découvrir les cultures autochtones, voir des éléphants, visiter les nombreux temples, apprendre un peu sur la culture bouddhiste. Ces derniers nous ont vraiment impressionnes tant ils sont nombreux et finement ouvrages. Ils utilisent de la laque issue d'arbres endémiques et des feuilles d'or pour peindre les murs. Parfois comme au temple funéraire a Bangkok, ils ont récupéré  a l'époque, des statues qui servaient pour équilibrer le poids des bateaux chinois, ainsi que la vaisselle qu'ils ont brise en mille morceaux pour la recoller en mosaïque sur les parois de la pagode. Avec Yanoch, nous avons même vu un temple en matériaux recycles : bouteille de la Red Bull nationale et capsules métalliques !
Dans l'est et le centre, les amoureux des parcs naturels se régaleront, les animaux sont en liberté et la nature ne semblent pas avoir été recréée, juste un peu aménagée. Ça fait moins mal au cœur qu'ailleurs j'ai trouve.
Autre état de société marquant : les mariages occidentaux/thaïlandaises. A plusieurs reprises nous avons rencontre ou été hébergés chez des thaïlandaises mariées a un étranger. Ce sont toutes des femmes au fort caractère, belles et actives. Elles parlent très bien l'anglais et sont toujours ravies de pouvoir te connaitre et te tendre la main. Sonia nous explique que c'est surtout un confort de vie  qui l' attire, ca lui permet  de subvenir aux  besoins de sa famille, de les réunir chez elle dans sa nouvelle grande maison. Le revers de la médaille ; son mari a fait détruire son ancienne maison pour en reconstruire une neuve entièrement meublée Ikea. Elle troc donc une vie tranquille et simple contre les préoccupations matérielles et domestiques d'être la nouvelle responsable de cette maison. Elle s'en plaint d'ailleurs. Nous n'avons pas rencontre les maris qui étaient en déplacement pour leur travail, souvent dans leur pays d'origine (Suède, Suisse, France). Ces derniers ont l'air de rechercher les qualités d' une femme qui sache s'occuper de la maison pendant qu'ils travaillent. Ils exigent souvent qu'elles aillent a l'école pour apprendre leur langue ou l'anglais et qu'elles  ne travaillent pas pour rester a domicile. Apparemment chacun y trouve son compte.
Elle nous annoncent que les mariages "falan/ Thai", comme ils disent ici, sont monnaie courante : 17 dans son village contre 80 dans un village voisin, et ce sont juste les premiers km de la frontière. Plus tard, nous croiserons une agence matrimoniale spécialisée dans ce domaine. On a vraiment été étonné de l'ampleur de ce phénomène qui s'applique aussi bien a la Thaïlande, au Laos ou encore au Cambodge.
Tout au long de ce voyage, notre caravane a 5  puis 6 paires de roues s'est agrandie, enrichie, reformée puis défaite de nombreuses âmes aventurières et motivées. La Thaïlande sera à marquer d'une pierre arc en ciel puisque c'est tour a tour Océanne puis notre ami Ludo qui se joignent a l'épopée belle. On a rencontre Océanne a Siem Reap, au Cambodge, accompagnée d'une ribambelle de français tout aussi sympathiques. Après quelques contacts par mail et un message personnel a passe a un des zarmalouloux, elle décide que le vive voix est bien plus sur ! Elle s'achète un vélo (Pepita ), enfile des chaussettes sur ses tongs pour ne pas glisser et nous rejoint juste après Roi Et, en pédalant depuis la frontière Cambodge /Thaïlande. Un casque bas  pour la motivation et la determination. Quelques jours plus tard, c'est Ludo notre ami de France (représente la familia de Massilia...) entre aperçu par magie dans les rues de Bangkok, qui fait son entrée dans la place a Udon thani. On parle de la France, de politique, des amis, de ce qu'ils font la bas. Nous prenons la mesure des distances, du temps qui passe, du rythme dans lequel nous vivons et  celui des autres.
Mais comme un cyclo peut en cacher un autre, qu'une sœur peut cacher un frère, qu'un ami peut en ramener un autre...
La suite au prochain chapitre : Le laos, volume 2, le retour...