Zârmalouloux Blog

19 janv. 2012

Les mysteres de Pekin






Voilà un mois que nous avons débarqué en Asie. Un mois c’est court pour se rendre compte des réalités de ce continent, qui s’offre à nous. Mais, en même temps, en un mois, on a le temps de vivre plein d’expériences, de rencontrer, d’expérimenter, de galérer, ... .
Oui; il faut bien se rendre à l’évidence, on ne va pas apprendre le chinois en un claquement de doigt, trop de nouveaux sons imprononçables, et des histoires de tonalités en plus (une même syllabe se prononce de quatre manières différentes et a donc quatre significations, voir plus, en fonction du contexte ...).
Heureusement, on est arrivé à Hong Kong, et comme beaucoup de gens parlent l’anglais, ça nous a permis de comprendre quelques coutumes, de s’adapter en douceur, et aussi de loger chez Winsu, un coach surfeur fana de voyages et de documentaires.
On aura passé dix jours chez lui, dans l’attente de nos visas Chinois et Vietnamiens; pour rentrer dans le vif de l’aventure. En échange du toit, nous lui avons offert le couvert, pour son plus grand plaisir et celui de son estomac.
Nous avons passé nos journées à jongler, a s’entraîner, visiter un peu la ville, et faire le spectacle à Sheung Shui, quartier au combien sympathique, pour l’amabilité de ses habitants.
Grâce à leur soutien inconditionnel, nous avons pu financer l’achat de quelques cadeaux de Noël: un appareil photo de qualité (vous pouvez en juger par vous même), un ordinateur portable, ainsi que les visas.

La famille Graffion est aussi venue nous rendre visite, ce qui nous a donné une nouvelle raison de fêter Noël avant l’heure (merci pour tout!!). Ils sont ensuite repartis avec Yannoch vers la Thailande. Nous nous sommes donc retrouvés a cinq.
La veille du départ, Fourmie a tenté de prendre un rendez-vous dans une clinique, pour un mal de ventre qui ne la lâchait pas. Le rendez-vous ne sera qu’une semaine plus tard, Ciboulette reste avec elle et nous, les trois gars on file vers les aventures chinoises ...
Premier casse tête chinois, passer la frontière, on devra prendre un bus, pour nous tout seul, avec les vélos, et se faire larguer au poste frontière. De l’autre côté, le vrai labyrinthe commence: sortir de Shenzen, petite bourgade de 14 millions d?habitants, avec une carte au 1:16 et un fascicule français/chinois très pratique, mais un peu bidon tout de même; par exemple la traduction de la phrase: "Deux cafés et l'addition? (au pays du thé), nous a laissé rêveur... On est mauvaise langue, parce qu'on s'est fait invité une fois à boire un café et qu'en plus il nous a bien dépanné ce fascicule !!
Ça aura été notre plus grande traversée de ville, parce qu’après l’agglomération de Shenzen, c’est celle de Guangzhou qui commence; après cinq jours et plus de 200 km, nous apercevons enfin quelque chose qui ressemble à de la campagne.
Mais aussi étrange que cela puisse paraître, pendant ces cinq jours, nous avons toujours pu trouver un petit bout de verdure pour camper. Et grâce à un réseau de pistes cyclables dignes de ce nom, nous avons pu longer les autoroutes sans danger, mais avec le bruit et l'odeur tout de même.
On aurait pu penser que ce serait compliqué de trouver sa route, mais au bout de quelques jours, on s'est fait offrir une carte plus détaillée; le jeu consiste juste a repérer les idéogrammes à suivre, et les retrouver ensuite sur les panneaux ; ça fait bosser la mémoire visuelle! Souvent (sur les grosses routes) le nom de la ville est traduit en pinyin (c'est à dire avec des lettres qu'on peut comprendre), comme ça on peut repérer quelques signes...
Le plus difficile ça reste la communication, que ce soit pour demander une direction, un plat au restaurant, ou bien si l'on peut camper sur un bout de terrain. Surtout que le peu de vocabulaire qu'on avait appris à Hong Kong, ne nous servait pas beaucoup. Dans la province de Canton, on parle bien le cantonnais, mais les mots et l'accent change d'un village à l'autre. Et puis si tu as réussi à te faire comprendre, il faut encore comprendre ce qu'on te répond ; et là les chinois ont tous le même réflexe, si tu ne comprends pas quand je te le dis, alors je vais te l'écrire et en idéogramme s'il vous plaît!!
Ça ne nous a pas empêché de découvrir de bons petits plats, en indiquant du doigt ce qu’on voulait et ce qu’on ne voulait pas. Nous avons pu découvrir les "caisses vapeurs"; on les a appelé comme ça car impossible de faire dire à un chinois: "qu’est-ce que c’est ça?" "Comment ça s’appelle?"avant d’avoir découvert la phrase magique: "Dje se sama?"
La caisse vapeur restera notre petit-déjeuner favori, une fine couche de pâte à crêpe de riz cuit à la vapeur avec un oeuf à l’intérieur. La nourriture reste très bon marché, ce qui fait le bonheur de nos estomacs de cyclos et de notre porte-feuille.
Le midi c’est donc soupe de pâte ou le gros plat de légumes avec le riz à volonté. Si tu finis, on te ressert et si tu peux pas finir tu dis: "Paola!!!". On boit du thé (chaa), jusqu’à plus soif, et on repart avec la vessie prête à exploser. Ce qui rallonge le trajet de quelques pauses pipi (une tous les quarts d’heures environ). Bien hydraté pour la saison séche, nous roulons jusqu’à ce que le soleil se couche, ou un peu avant le temps de trouver un terrain plat pour camper. Pas facile car chaque parcelle non montagneuse a été soigneusement utilisée dans le but de cultiver (riz, salades, ...)
Pour trouver du bois c’est une autre paire de manches car les gens cuisinent et se chauffent encore avec, ce qui fait qu’il n’y a même plus l’ombre d’une brindille à ramasser.
Pour demander l’hospitalité, ou autres renseignements, on a découvert une règle très claire, s’ils disent non tout de suite, c’est que c’est non et que ça ne sert à rien de discuter plus, mais s’ils en viennent à discuter alors il y a sûrement une solution. Dans ce cas les gens sont très accueillants et nous invitent à manger. Ils appellent le voisin qui parlent anglais, ou plus souvent un ami, pour traduire par téléphone. Ce qui nous a permis de vivre un conte de fée digne de Cendrillon le 24 au soir.
Nous avions trouver un endroit, pour camper, dans un chantier que gardait Chang. Alors qu’on pensait passer la soirée à regarder un film de Jackie Chan. Il a appelé son patron et des amis et nous voilà télétransportés en lexus, à l’hôtel Sofitel 4 étoiles... Douches chaudes, bières et vin à volontés agrémenté d’un karaoké et d’un perudo (jeu de dés avec enchères), avec la serveuse.
Cinq fois la chanson Jingle Bells plus tard les douzes coups de minuit résonnent et nous voilà repartis dans un taxis pour dormir dans le pré-fabriqué au chantier... Le mystère reste entier, mais nous en avons bien profité.
Une semaine plus tard, nous retrouvons les filles à Yunfu; ville du granit et du marbre, entrecoupé d'un ou deux entrepôts de mandarine, c'est en tout cas ce qu'on en a déduit après plus de trente kilomètres d'entrepôts de tailleurs de pierres (la concurrence est rude!).
Ca tombe bien ce soir c'est le 31, mais pas de nouvel an à cette date en Chine. Le nouvel an Chinois sera le 23 janvier cette année, la date change tout les ans puisque c'est un calendrier lunaire de 12 mois à ce qu'on a compris.
On passera le réveillon tous les cinq, dans un bois de bambou, ça fait plaisir de se retrouver tous ensemble, surtout que Fourmie n'a absolument plus mal au ventre.
Avec les filles, on commence à rouler dans la vrai campagne chinoise, les gens ne croisent pas des étrangers tous les jours; alors quand il y en a cinq qui débarquent avec les vélos en prime, c'est vite fait l'émeute. Mais après quelques verres d'alcool de riz et un bang (pipe à eau) de tabac, tu oublies vite le malaise des cent personnes autour de ta table qui sont fixées sur ta manières de manger avec des baguettes, ta coupe de cheveux, ou tes sandalles. Pour ce qui est de la scéance photo, elle reste obligatoire, et avec les doigt en forme de V de Victoire!!
On repart toujours bien hydraté, pour la saison, qui pendant plus d'une semaine n'a pas été tellement séche et qui nous à même rappelé que l'on été en hiver.
Nous avons même du passer un jour à Yulin), pour faire sécher nos affaires devant une boutique de vélos. On rigolait en disant qu'ils allaient faire un feu devant la boutique, c'est ce qu'ils ont fait, deux petits poêles à charbon et nous voilà tous assis à sécher nos duvets.
On sera logé dans le centre sportif de la ville pour la nuit. On essaye de parler politique avec Ken, qui nous a trouvé la place pour la nuit; on sent que ce n'est pas le meilleur sujet à aborder quand il nous dit poliment: "Je ne peux pas vous parlez de ça!".
On ne sait pas encore vraiment ce qu'il en est. Nous avons rencontrer une institutrice le dernier soir qui nous a confirme la fin du mandat du président actuel en 2012 et de nouvelles élections avec différents candidats qui sont tous du même parti.
D'un point de vue général, la Chine d'aujourd'hui (enfin les provinces de Canton et Guangxi que nous avons traversées) est en pleine expansion, ça construit vite et dans tous les sens. Dans toutes les villes où nous sommes passées, il y a des dizaines de buildings en construction.
Difficile de croire qu'on se trouve dans un pays communiste, puisque toutes les grandes multinationales y sont représentées.
Pour ce qui est de l'énergie, les centrales tournent au charbon et au nucléaire; et au niveau pollution on atteint des summums, Mexico City, a du soucis à se faire pour rester la ville la plus polluée du monde. On se disait que c'était peut-être pour ça que les chinois clopaient autant, quitte à mourir enfumé autant que ce soit pour quelque chose... Et dans les périphéries des villes, les terrains, qui ne sont pas encore construits, sont quasiment tous utilisés pour la culture.
Dans les campagnes les champs remplissent le paysage, petites parcelles délimitées par des monticules pour les rizières, on croise aussi souvent des ateliers de fabrication, souvent textiles, briques, encens, ... .
Les entreprises fonctionnent à plein régime, mais quand les chinois ne travaillent pas ils jouent. Ce sont de grands enfants, nombreux jeux de cartes, dominos, ma jong et autres combats de signes desquels nous aimerions bien connaître les règles. Il y a souvent de l'argent en jeu, ou simplement un verre à boire si tu perds.
Dès que l'on croise un jeune qui parle anglais, on en profite pour parfaire notre maigre vocabulaire, comme avec Jane et sa soeur An, qui nous ont invité à dormir chez elles. Dans la maison familiale, mais pas de parents, leur mère est morte il y a un an et leur père travaille a Guangzhou dans une usine; il ne revient qu'une fois par an.
C'était agréable de passer une soirée avec des jeunes, surtout que Jane parlait super bien anglais, on a pu partager avec elles leurs envies, leurs goûts, leur raconter le voyage; puisque ça ne sert à rien de leur donner l'adresse du blog, impossible d'y accéder depuis un ordinateur Chinois.
Pour faire nos premiers adieux a la Chine ( On espère bien avoir le droit a un deuxième laisser passer si on doit aller au Kirghizistan...), nous avons passé une soirée et une belle journée ensoleillée dans un temple bouddhiste, apparu comme par magie au bout d'un petit chemin de terre , qui nous a fait passer du centre ville a la campagne profonde en l'espace d'un kilomètre. Le lendemain c'était la fête, les fidèles étaient réunis pour dêjeuner ensemble, prier. On soupçonne que l'approche du nouvel an chinois y soit pour quelque chose. A cette occasion, des chapelets de pétards retentissent, ils brûlent des petits papiers qu ils plient en forme de double pointes, beaucoup d'encens, de bougies et font des offrandes à leurs dieux protecteurs (nourriture, alcool, thé, argent...).
Nous sommes depuis le 13 janvier au Vietnam. C'est fou comme les choses peuvent changer juste en traversant une frontière. Une nouvelle langue à apprendre, de nouvelles coutumes et façons d'être. On vous en dira plus au prochain épisode.