Zârmalouloux Blog

23 août 2012

Le Kazakstan, ca detend!

Juillet 2012 : Kazhakstan

On quitte kitay (c'est ainsi qu'on nomme la Chine en Russe), ravis de notre folle experience dans ce pays des extremes mais aussi tres contents de changer d'air...
Et puis pour la nostalgie, on emmene avec nous notre chinois d'adoption, notre polyglote tabanard bien aime, notre tres cher Wiliam!
On va en fait le retrouver a Djarkent, la premiere ville Kazak a 30km de la frontiere ou il nous attend depuis trois jours car son visa expirait juste un peu avant le notre.
Il nous y envoie un mail pour nous raconter son passage de frontiere:

`` Je suis arrive hier soir au kazhakstan apres une garde a vue de 10 heures dans la base militaire sino-kazak !!

 - Evitant de payer l'hotel, j'ai campe a 2 km de la ville frontiere, mon camp pour la nuit etait "apparemment" une zone militaire, y avait rien d'ecrit !
J'me suis fais pointer par les fusils au matin, mains derriere la tete, trainer par terre, ils pensaient que j'etais un clandestin voulant passer la frontiere, ou un espion (ils pensaient que j'avais jete mon appareil, ils trouvaient trop bizarre que je n'ai pas d'appareil photo !).
On m'a emmene dans une piece pour un interogatoire, attendre, puis une autre piece pour le meme interogatoire par une autre personne !!, attendre puis encore une autre personne pour le meme interogatoire !! 
La, je leur ai dit enerve que j'avais deja raconte l'histoire 3 fois. ils voulaient que je m'enerve, et j'ai compris que c'etait une technique, alors je l'ai pris comme un jeu ou je m'applique a parler chinois le mieux possible !! Il m'ont fait l'interrogatoire 8 fois en 10 heures, signer le dialogue enregistre sur papier de l'interrogatoire et m'ont relache ! C'etait cool quelquepart, ca fait une anectode``

Les passages de frontiere, c'est toujours une ambiance particuliere avec un peu de pression, des absurdites administratives, la nostagie de quitter un pays et l'exitation d'arriver sur un nouveau territoire, dont on guette, durant les premiers temps, chaque nouveaute...

La, on change de langue et d'alphabet : etant un pays de l'ex URSS, on passe au russe, que tout le monde parle autant, voire plus que le Kazac (surtout dans les villes).
Heureusement on a deja commence a suivre les premiers cours de russe audio recuperes sur nos MP3 d'un cyclovoyageur rencontre a Urumqi en Chine et qui nous permet deja de comprendre l'officier qui nous aborde avec sa grande casquette sovieticstyle `nie gavaritch parusky?` (vous ne comprenez pas le russe?) ``tcouk tcouk``, un peu; c'est un debut!

Une fois l'absurde labyrinthe de 5 km de grillage bleu de 3 metres de haut dans un no man's land pour passer du poste de sortie chinoise a celui d'entre Kazak, on voit derriere nous les dernieres grues chinoises au dessus d'un groupe d'immeubles en construction. Devant nous, des montagnes enneigees au loin et avant, la campagne Kazak qu'on traverse sur une petite route ombragee d'arbres touffus. Il y a meme quelques abricotiers croulants de fruits bien murs dont on se regale joyeusement!

On croise pas mal d'anes tractant des charrettes ou portant des charges.
Les gens nous saluent chaleureusement depuis le bord de la route ou le perron de leurs maisonnettes.
les voitures qui roulent bien plus vite qu'en Chine en nous frolant parfois dangeureusement, nous doublent avec un long klaxon, puis une main qui sort de la fenetre pour nous saluer ou qui nous gratifie d'un pouce leve.
Il y a beaucoup de vielles ladas de l'epoque sovietique.


Je suis etonnee de voir beaucoup moins de gens en tenue traditionnelle musulmane qu'on n'en voyait dans le Xijiang (femmes voilees et hommes avec un petit chapeau rond ou carre sur le dessus du crane et bras et jambes couverts).
Et pourtant, on  se rend compte petit a petit que la grande majorite des gens ici sont musulmans... souples.... car les tenues sont souvent legeres, voire flashies, decoltees, et presque tout le monde boit alegrement de la vodka!

Wiliam nous avait informe dans son mail que le Kazakstan avait l'air moins `safe` que la Chine
On comprend pourquoi en se faisant inviter a boire de la vodka des notre premier soir :-) le gars fait une pichenette sur son cou (ce qui veut dire `on va boire`), suivit du signe de se trancher la gorge avec son pouce... qui veut dire`mnoga`, `beaucoup`!! Quand quelqu'un insiste sur l'abondance de quelquechose, il fait ce signe qui nous fait bizarre a chaque fois...

Quand on retrouve Wiliam a Djarkent, il est deja capable de comprendre et de parler en russe, suffisamment pour avoir de bonnes conversations avec les gens qu'on rencontre.... ce qui est tres appreciable en arrivant dans un nouveau pays!

Ca nous impressionne et ca nous motive pour apprendre nous aussi! Ca ouvre tellement de portes quand on peut communiquer avec les mots!
Les sonorites russes nous enchantent. Ca me rappelle meme parfois des intonations du portugais du Bresil! Et il y a finallement pas mal de mots communs avec le francais pronnonces a la russe, comme le fameux ``normal`` qui est ici une expression recurante, un peu comme notre `c'est comme ca` qui nous fait chaque fois sourire et qu'on aime utiliser a notre tour... normal!

On se retrouve donc tous les 7, assis sur des marches a l'entree de la fourmillante rue du bazar (``marcher``) qui porte bien son nom! On y savoure nos premieres bieres kazacks, qui remportent le prix des meilleures que l'on ait goute depuis nos quasi 3 ans de voyage.
On rassasie aussi notre faim avec nos premiers ``samsa``, des friands triangulaires garnis de viande hachee et d'oignons cuits, ou bien de petits carres de patates, ou encore de fromage fondu. C'est delicieux, pas cher et on en trouve partout car c'est une des specialites kazak.

Et puis on discute avec Rosa qui vient nous aborder, curieuse de nous rencontrer et contente de nous ressortir les quelques phrases dont elle se souvient de ses cours de francais avec un bel accent russe : ``ou est Jeremy? Il est absent. Tous les autres eleves sont presents.``, le genre de phrases tres utiles en dehors des bancs de l'ecole :-) .
Rosa est une forte femme brune aux cheveux courts, des dents en or (comme beaucoup de gens ici) et a la peau blanche. Il y a ici un metissage impressionnant, nous ne sommes plus les seuls types occidentaux.
On sent les gens que l'on rencontre, beaucoup plus proche de nous culturellement, et ouvert sur le monde. On est etonnes par leur culture generale: ``Franzus?`` (``francais?``) Ah!.. Joules Vernes, Charles de Gaule, Napoleon,.... Mireille Matthieu (!!!!) C'est curieux comme cette derniere semble etre la francaise la plus connue par ici car on nous la site presque systematiquement! Et on est un peu genes car en se concertant, on se rend compte qu'aucun de nous n'est fichu de se souvenir d'une chanson d'elle.


On sent qu'on a vire de bord, qu'on est passes de l'Asie Orientale a l'Asie Centrale, beaucoup plus influencee par la culture occidentale et bien evidemment par les russes en particulier.
Dans les petites epiceries, on retrouve du chocolat (!) et le produit majoritaire : de la vodka (!!), avec une dizaine, voire une vingtaine de marques differentes a tous les prix, dont le plus bas vaut celui d'une bouteille de biere!

Il fut interressant de voir comme en general il n'y a aucune rancoeur envers les anciens colons de la part des Kazaks avec qui nous avons discute de ce sujet.
Nous avons aussi ete surpris en discutant avec des ados d'Almati issus de familles d'origine russe, qui se definissaient comme etant russes, alors qu'ils sont nes au Kazakstan et qu'ils n'y sont pour la plupart jamais sortis... ici on se definit par son ethnie d'origine et non par le territoire, qui a ete decoupe arbitrairement a la chute de l'URSS, sans sens pour les cultures nomades qui y vivaient. On retrouve donc un peu de chaques ethnies dans tous les pays en `stan`.


A Alamti, l'ancienne capitale, on rencontre la dynamique Calrla, une journaliste qui nous reperes a Arbat, la rue pietonne ou les artistes de rue vienent actuer. Elle nous invite a un petit repas dans son appartement a deux pas de la et nous parle avec enthousiasme de son pays dans un anglais impeccable. Ses parents sont tous les deux Kazaks, mais elle fait partie de la generation a qui on n'a appris que le russe. En revanche, sa fille de 12 ans, comme tous les enfants a l'ecole, renoue avec la tradition en apprenant la langue d'origine, aux sonorites proches de l'arabe.

Des que l'on sort de Djarkent, on se retrouve dans une steppe qui nous surprend par son immensite et son vide de presence humaine. Nous n'avons pas ete tres prevoyants en eau ni en previsions et le prochain village est a plus d'une centaine de kilometres avec un bon vent de face. Par chance, on trouve une source en plein desert au moment ou l'on decide de s'arreter pour camper et on y filtre l'eau avec notre pompe manuelle en ceramique. Cette eau salvatrice nous vaut aussi une soiree gavee de moustiques, mais cela ne gache pas le plaisir de retrouver le silence du desert, les couleurs chatoyantes d'un long et paisible coucher de soleil, puis la clarete du ciel scintillant de poudrees d'etoiles.

Le lendemain nous traversons le grandiose canyon de Charyn aux roches erosees d'un flamboyant rose ocre orange, survole de magesteux petits aigles. Il y en a un pose sur le bord de la route qui ne s'envole que lorsqu'on arrive a sa hauteur... impressionnant! Puis, au moment ou l'on decide de s'arreter pour la nuit, un peu soucieux de nos maigres provisions, c'est le 4x4 de l'ambassadeur kazak aux Emirats Arabes Unis, en vacance avec sa femme et son fils, qui nous ravitaillent de snikers, d'une enorme pasteque, de pommes, de plusieurs bouteilles d'eau et d'un agreable moment a partager des recits de vie, de voyages, des conseils de specialites culinaires a gouter et de lieux a visiter a Almati, et echange de nos adresses en France et a Dubai.

A Kokpek, nous decidons de suivre un chemin de traverse que nous ont recommande un couple d'amis francais, Laure et Pierre, partis en velos couches 6 mois apres nous que nous avions croises une premiere fois en Equateur et que nous avons retrouve pour la deuxieme fois de notre voyage, cette fois a Kunming en Chine (cf leur blog: http://enviroulemonde.fr/quotidien/  ). Ils nous avertissent que ce fut la route la plus difficile mais la plus belle qu'ils aient fait depuis le debut de leur voyage... evidemment, ca nous tente!!!!
Et c'est donc parti pour le petit chemin de terre battue ou nous sommes seuls au milieu des elements, jusqu'a un lac assez mystique aux bord glaiseux dans lesquels on s'enfonce jusqu'aux genoux, au pied des montagnes que nous allons grimper le lendemain.
Et c'est en effet tres tres sportif!!!! Sable, graviers, pierres... nous sommes en fait en train de remonter le lit d'une riviere assechee sur les 25 km de montee, avec parfois des passages a vingt cinq pour cent. On pousse les velos sur les 3/4 de la cote! Penible ascension mais qui progresse finalement assez rapidement: des que l'on se retourne pour souffler un coup, on constate avec joie que l'on a sacrement pris de la hauteur, jusqu'a voir l'immense plaine comme une mer gris bleutee, legerement courbee entre deux chaines de montagnes : le desert que nous avions traverse ces derniers jours!
On grimpe toute la journee et quand on arrive ``en haut`` nous n'avons plus de force dans tout le corps et nous avons epuise toutes les reserves d'eau que nous avions fait. Heureusement qu'il y a une source d'eau bien fraiche qui abreuve toutes les betes qui paissent la.  Des vaches, des moutons et des chevaux par plusieurs centaines en troupaux eparses et libres qui creent des taches de couleurs mouvantes.
Le lendemain, la souffrance melee a l'emerveillement de la beaute des montagnes que nous traversons continue. Que c'est beau! L'effort en vaut toujours la peine!

Le lendemain, l'epreuve continue. Ce sont des montees et des descentes a pic qui ne cessent de s'enchainer. Cette fois on doit s'y mettre a deux ou a trois pour pousser les velos. Et attention aux derapages dans les descentes a pied pour chercher les velos qui attendent d'etre pousses ou debout sur les freins. Dans une petite valle verte, Janou creve et pendant la reparation, un cavalier arrive et nous offre la moitie d'un galon rempli de lait qu'il vient de traire... huuummm! c'est le meilleur lait que j'ai but jusqu'a present!!! Il a un gout d'herbe des montagnes, de celles qui poussent ici et qui sentent si bon lorsqu'on roule dessus. Spasiva! Rajmet! (``merci`` en Russe et en Kazak). Puis il aide meme Fourmie a tirer son velo avec son cheval et une corde dans la monte suivante qui est raidissime! Quelle belle image!

Enfin, on arrive en haut de la derniere grosse cote et on domine une bonne partie du plateau d'Assy qui s'etend en legere montee entre deux chaines de montagnes, sur plusieurs dizaines de kilometres.
Quelle emerveillement devant les troupeaux gracieux de chevaux sauvages qui cavalent en ondulant sur les verts vallons du plateau. On appercoit quelques yourtes eparses et au loin des sommets enneiges.



On campe face a un village de yourtes disposees en demi cercle. Le lendemain nous allons nous ravitailler au petit ``magasin`` (encore un mot qu'il n'a pas ete difficile d'apprendre) qui ne comporte que 4 etageres de vivres, dont deux sont reservees a la vodka et qui n'ouvre qu'a cette periode de l'annee (en hiver, il fait tellement froid que les habitants des yourtes migrent vers les villages plus bas). La maison d'a cote est une station meteo.

Aldiar, un homme plein de bonte y a vecu en autarcie pendant deux ans. Il nous fait une visite guidee de cette antiquite sovietique et nous raconte les loups sous la neige, la peche dans le ruisseau, les cueillettes de champignons et ses occupations artistiques et intellectuelles, dans un excellent anglais autodidacte qu'il etrenne avec notre rencontre.
Il nous apprend que le lendemain il y a un festival ici meme avec des jeux traditionnels de chevaux, de la boxe, des balancoires, et du tir a l'arc qu'il annimera lui meme car c'est un de ses hobbys. Il nous propose d'ailleurs d'essayer sur le champ. Nous sommes de suite vite seduits par l'idee de rester un jour de plus dans ce magnifique espace et nous pourrons ainsi reposer nos petits corps de tous les efforts et des emotions de ces derniers jours.

Wiliam qui s'apprete a tirer a l'arc, sous les conseils d'Aldiar, egalement champion de flechettes du Kazakstan

public autour du ring de boxe style opposant le Kazakstan au Kirgizstan et dans le fond, une course de chevaux montes a cru par de jeunes enfants sur 7 tours de 3 km chacuns... la pluspart des participans terminent en ayant donne un peu de leur sang...
sur une bute centrale qui permet d'observer tout ce qu'il se passe autour, dont la course qui part loin....







les balancoires traditionnelles sont une lourde planche de bois sur laquelle on monte a deux, ou a trois (!) et qui declenche facilement de bons eclats de rires... sensations assurees!
tir a l'arc a cheval...


A la fin de la journee, tout le monde range et le village entier des yourtes est remballe en 2 heures. Il n'avait donc ete monte que pour l'evenement!



Pendant que tout le monde remballe, on nous invite a manger les restes des repas de la fete, a trinquer pour le Kazakstan et nous jonglons et jouons de la musique avec les enfants et les curieux qui ne sont pas occupes.



Le festival est passe comme une fleche. Une journee courte mais intense. On aurait bien aime que cela dure meme un peu plus longtemps...

Le lendemain c'est la redescente vers Almati, le long d'un ruisseau au bord duquel viennent pique niquer des familles, de jeunes couples et des groupes d'amis Kazaks et Russes.
On fait une pause juste avant le retour de l'asphalte pour profiter de cette douce apres midi de dimanche estival. Il y a un groupe de jeunes qui fetent les 20 ans de l'un d'entre eux. Ils nous pretent leur foyer pour cuisiner et on reste a discuter et rigoler ensemble un bon moment. Avant que nous repartions, ils nous donnent un plan pour que nous nous logions pas cher sur Almati: le centre medical en construction de leur ``grand frere``...

Sur la route sinueuse qui descend le long de la riviere eclairee par la douce lumiere de fin de journee, on aide le Van blinde d'une famille en panne d'essence, qu'on retrouve 4 fois dans de petites cotes lorsque l'inertie de la pente ne permet plus d'avancer tout seul. Little Miss Sun Shine version kazak, on a bien rigole! Et pour nous remercier de les avoir aides, ils nous offrent de petits fromages secs (kourk) et du kumis (du lait de jument fermente).
A la fin de la descente il y a de plus en plus d'hotels, de restaurants, de structures touristiques, puis au premier croisement avec une route, on change de decor: plus de voitures, de monde et d'habitations... on arrive dans la zone urbaine peripherique d'Almati... mais ca reste ambiance village... on est au Kazakstan! On se detend!

Almati qui est l'ancienne capitale, me surprend par son incroyable verdure. Il n'y a pas d'immeuble demesures et il y a des parcs toutes les 3 rues avec parfois de gros vieux arbres magnifiques.
On est recus aux petits oignons par `le grand frere` de nos amis, qui semble etre un peu `parrain` sur les bords. Pour garder les lieux, nous avons notre gangster nounours, Kayra qui, sous ses airs de brutus vodkayse, nous offre de delicieux pots de confiture d'abricot ou de creme de beurre qu'il a fait lui-meme, ou nous concocte un suculant ``plov`, le plat traditionel d'asie centrale a base de riz, de carottes cuites, de viande et parfois de pommes de terres. Nous dormons comme des princes dans des chambres amenagees comme dans un hotel plutot classe et nous avons une salle de bain avec 6 baignoires les unes a cote des autres, et de l'eau chaude! Le tout pour 1$ par jour et par personne!

En faisant notre petit cabaret circo-musical dans la rue pietonne d'Arbat, on rencontre un groupe de jeunes qui nous invitent a decouvrir leur univers transe en louant une maison bateau phare dans les hauteurs de la ville. On danse et on jongle toute la nuit jusqu'au petit matin ou l'on voit le soleil se lever sur la vallee et les sommets enneiges alentours: superbe moment.

On repart sur les routes, visa Kirgiz en poche, cheveux au vent, guibolles en farandole, a travers les steppes bordees de montagnes, nomades en terres no mad.
C'est fou ce que la vie est belle en zarmakaravanne!
Yallah on retrouve bientot d'autres maillons de la familia... Bishkek... on vous racontera!
sur le plateau d'Assy
Plein d'amour et de tendresse a chacun de vous, qui nous suivez, qui nous rejoignez, en pensees, en reves, ou en chair et en os... Avis aux amateurs, vous etes toujours les bienvenus, plus on est de fous plus on rit et l'union fait la force!! Happy power!

Hasta luego! Paca!, comme on dit ici!

 Siboulette


8 août 2012

Tian Shan, la montagne du ciel...



Apres Urumqi, pour arriver dans cette region a majorite Kazak on a du passer un col a 4000m. On en a pris plein la vue et les mollets! Au debut c'etait un peu dur; beaucoup de vent, de la pluie, du froid, du mal de dos... et puis on savait qu'on se lancait pour 110km (surtout de la montee) sans croiser un village. Au final la meteo nous a sourit et on a pedale au milieu de montagnes magnifiques et de rivieres a l'eau hyper lympide.
5 jours au paravent, il y a eu ici un tremblement de terre. Il etait tellement fort que ca nous a reveille au milieu de la nuit car tout bougait a Urumqi, a 300km de la. Du coup, sur cette route de montagne, beaucoup de pierres jonchent le sol... on a croise un cadavre de voiture ecrase par les eboulis et a un endroit la route s'est fait ensevelir alors il fallait pousser les voitures a travers des chemins de traverse.


A un moment, alors que je passais a cote de travailleurs chinois installant des cables, une pierre est passee a toute vitesse au niveau de ma tete, 20m davant moi. Alors j'ai commence a regarder un peu plus en haut et a faire attention au moindre petit bruit. Et le soir, alors qu'on etait dans la tente de ces meme travailleurs ou ils nous ont invites a manger et a paser la nuit, l'un d'eux, que j'avait croise plus tot est arrive avec le bras ruisselant de sang suite a une chute de pierre. On a nettoye la plaie comme on pouvait et on a arrete une voiture pour qu'elle le depose a l'hopital a 2h de la. Remis de nos emotions, on a passe une soiree bien emouvante en compagnie de ces gens qui viennent tous du meme village, au centre de la Chine, pour passer 7 mois ici, loin de leur famille, a travailler dans des conditions difficiles.



25km plus haut, on arrive au col, 4000m d'altitude! Une vue imprenable sur les montagnes escarpees et la lagune bleue turquoise. Les neiges eternelles a portee de main et des petites douleurs qui se reveillent au creux des poumons et du coeur qui enfflent a cette hauteur. En passant de l'autre cote du col, c'est la vallee verdoyante,
completement different de ce que l'on vient de voir! Beaucoup de yourtes eparpillees par ci par la, des gens a cheval, des chameaux, des moutons... la nature a l'etat brute et quelleques personnes vivant en harmonie avec elle... trop beau!!!


En fin d'apres midi on s'est arretes pour rencontrer les habitants de ces yourtes. Ils nous ont invites a boire du lait de jument fermente et on fait du jonglage et des acrrobaties pendant deux heures avec les enfants surexites. En plus, entres les yourtes il y a un fil tendu avec des petits drapeaux de toutes les couleurs, on pourrait facilement se croire au milieu de chapiteaux de cirque! Apres on a mange avec eux les pates fait maison et le pain fait maison lui aussi... on a danse sur de la musique electro et les 3 femmes nous ont chante des chants Kazaks magnifiques en echanges de nos chansons en francais et en espagnol. Puis on est alle se coucher au milieu de ce paradis le sourir accroche au coeur...







Un peu plus loin, un vent de malade nous fait avancer difficilement a 8km/h et on se decide finalement  a demender l'hospitalite. On se pointe devant une maison un peu extenues, 2, 3 personnes viennent nous voir "Asalam halekum", ils nous serrent la main et nous font directement signe de rentrer sans qu'on ait eu le temps de rien demander. Ca semble tellement naturel pour eux de recevoir les voyageurs, ca semble tellement ancre dans leur tradition, que quand je suis rentre dans la maison, la dizaine d'hommes et de femmes de tout age ne semblaient pas surpris et ils m'ont fait signe de m'assoir a leur cote pour manger avec eux. Sur un espace sureleve et orne de tapis et de coussins, on s'est donc assis en tailleurs autours de pains ronds, fromage, beurre, date, raisins secs, noix, friandises et the au lait de jument!


C'est un peu dur de communiquer vu notre niveau de kazak mais je me sens super proche des gens ici car depuis Urumqi je croise sans cesse des personnes au facies tres proche du mien. Alors ils me font souvent
un sourir complice ou alors peut etre qu'ils repondent a mon sourir complice, je sais plus trop...
Puis je me rends compte que du Kazakstan a l'Europe, en passant par la Turquie, il y a certains visages qui pourraient etre d'un peu partout. D'Asie centrale, du Proche Orient ou d'Europe, vu du ciel, on vient tous de la meme Histoire et on est tous pas mal proches au final. Il y a surement eu beaucoup plus de metissage qu'on le pense sur cette partie du globe et je me dis qu'une tete de francais ca veut peut etre rien dire en fait. D'ailleurs notre bien cher polyglote, William, quand on nous demande d'ou est ce qu'on vient s'amuse a nous attitrer a tour de role des nationalitees differentes: russe, italien, pakistanais, iranien, allemand, indien...et quand au final il avoue qu'on est tous francais certaines personnes me regardent et lui disent "mais lui... nan... il est pas francais?!..." ou d'autres "mais lui... il est Uygur??...".
Faut dire que la moustache m'a bien aidee je pense!



Lors des derniers jours qui nous separent du Kazakstan, a chaque que l'on s'arretait 5 minutes dans un village, la police nous invitait au poste pour remplir des papiers et faire des tonnes de photocopies de nos passeports. D'apres eux la region est sensible donc ils voulaient enregistrer tout nos deplacements et comme souvent en Chine les evenements sont a la fois hyper marrants et super fatiguants. Ca prend 2 heures, il y a 20 policiers autour de nous qui sont tout exites de voir des touristes et qui nous prennent en photo... une prof d'anglais tente de nous expliquer un long moment ce que nous faisont la... ca joue sur les nerfs.

C'est ca aussi la Chine: "L'Effet Ying/Yang!"

... nouvelle peinture pour un petit clin d'oeil a l'article de la Fourmie ...


La suite des aventures en Asie centrale pour bientot...

Big bisous...

- Yannosh -

Dans l'empire du milieu


     Nous avons parcouru du chemin depuis la Thailande et nous voici maintenant a Urumqi, la capitale du Xinjang, une enorme province pleine de montagnes et de deserts.
Apres avoir franchi les petites mais costaudes montagnes laotiennes, nous passons la frontiere et deja, la pluie nous confirme que nous sommes bel et bien revenus en Chine.
Nous voila dans le Yunnan, une region tropicale toujours, avec de grandes vallees mais aussi de redoutables cols. En effet, nous gravissons desormais les contreforts de l'Himalaya dans sa partie est. Les plantations d'heveas ( arbre a cahoutchouc) recouvrent litteralement les montagnes alentours, ou qu'ils se posent, les yeux n'entrevoient qu'un ocean d'arbres bien alignes. Ou est passee la foret tropicale! La route que nous suivons est toute recente, tel un arc suspendu qui defie les lois de la gravite, les ingenieurs ont fait simple; pour chaque montagne, un tunnel, pour chaque vallee, un pont! Roulez jeunesse! Et du haut de ce gigantesque circuit suspendu entre terre et ciel, nous contemplons les aleas de la plannification agricole; les heveas laissent par moments la place aux forets de bananiers ou de manguiers, qui elles meme cedent finallement devant les cultures en terrasse du the, a perte de vue, et rebelote... 


Petit brossage de dent collectif, elegant...

Nous atteignons finallement Kunming, petite ville de 7 millions d'habitants, les tentacules de la pieuvre geante ont fait des petits devenus grands et la fin du parcours est un apercu de ce qui guette l'expension humaine facon futuriste urbano-pessimiste. Nous n'en finissons pas d'arriver dans les banlieues de Kunming. C'est l'etape final pour Oceane et Kevin. Nous les avons rencontres au Cambodge et depuis la Thailande ils pedalent avec nous. Mais voila, c'est ici qu'ils reprennent l'avion pour la France, chouette bout de route ensemble, suees partagees, le peloton s'etiole et perd, momentanement des perles de cyclisme... Nous nous retrouvons a 6, irreductible cette fois mais un peu amputes d'une partie de nous meme, a moitie perdus dans cette ville tentaculaire, ultra moderne. Les gratte-ciels deja existants sont entoures d'armee de grues qui elevent a vitesse grand V des centaines de petits freres. Les chantiers gigantesques sont demuesures et incalculables. La croissance de la Chine est simplement incroyable ( plus de 10 pour 100 dans la plupart des grandes villes). La statue de Mao au centre de la ville veille sur l empire capitaliste chinois. Toutes les grandes enseignent sont representees, de Dior a Mc Donald, de Decathlon a Carrefour pour ne citer qu'eux. De multitudes de boutiques de fringues, bref l equivalent d‘un Carre Senart generalise a toute la ville ( a peine exagere). La quantite de voitures qui circule est edifiante et le marche automobile est en constante progression, Peugeot, Citroen BMW, Cadillac, toyota et autres Lexus de luxe envahissent les rues immenses et relayent les hordes de scooter electriques et de velo sur les extremites des voies. La Chine deploit devant nous toute la vitrine d'un capitalisme sans complexe qui la propulse en leader economique mondiale.
Nous avons eu un bref apercu de la Chine de l'ouest et j'imagine aisement plus au nord et a l'est, Shanghai et Beijin, megalopoles encore plus etendues, a l'instar de Chong Qing, une ville qui contabilise aujourd'hui quelques 35 millions d'habitants... ! 

Les demoiselles de fer font partie du decor urbain

J'ai pu constater comment l'homme a " reussi " a domine son environnement, l'espace est occupe soit par des habitations, soit par des rizieres ou des champs, les industies ont la part belles, les seules restes de foret ne sont que des exploitations forestieres, les rivieres sont des egouts a ciel ouvert.

Pour les hommes, l'alternative est de plus en plus compliquee, la vie est citadine.








Nous nous appretons a nous lancer dans une serie de demarches administratives, un mois s'est ecoule et notre premier visa chinois s'acheve. Autre imperatif, la plupart des passeports sont remplis de tampons et nous devons les faire renouveler. Nous rencontrons William, un francais qui vit la depuis deux ans et qui travaille dans une ecole  maternelle, nous informe que le plus proche consulat francais se trouve a Chengdu, 1000 km vers le nord. Le temps nous est compte et nous prennons le train. Nous entreprennons les demarches et filons a Leshan, une petite ville ou l'extension du visa s'optient plus facilement. Nous arretons nos velos sur la route pour contempler un boudha geant, taille dans la roche et vieux de quelques 1200 ans. 


William, qui travaille toujours a Kunming, nous envoie un mail en disant que son envie de repartir voyager a velo lui taraude l'esprit. Il s'etait promis de ne pas travailler uniquement pour l'argent et a envie de changer d'air. Il est pret a nous rejoindre dans quelques jours pour pedaler avec nous. Chouette les affaires reprennent.


Les passeports ne sont toujours pas pret et pour tuer le temps de l'attente, nous faisons une boucle vers l'ouest en compagnie d'Antonin et Binh, sa compage chinoise, et reussissons a camper dans une antique foret de bamboo. Sur la route, nous croisons beaucoup de cyclistes chinois qui se rendent pour la plupart au tibet (qui devient une destination touristique majeure pour beaucoup de chinois) ou qui profitent de quelques jours pour faire du cyclo-tourisme. Nous echangeons nos histoire avec eux et partageons parfois un petit bout de chemin.
 Nous jouons les pandas en grimpant dans les bosquets et coulons des heures paisibles avant de regagner notre bonne vieille megalopole Chengdu ou tous les passeports sont arrives. Tous? Helas!!!..... 


Le vosgien de l'equipe est victime d'une discrimination! Son passeport arrivera 10 jours plus tard. Nous filons sans Cyril donc, qui nous rejoint des que faire se peut, direction la gare.

 Nous voila a Urumqi, apres 50 h de train et 3000 km plus a l'ouest. Nous apprehendions l'epreuve du train couchette qui finalement s'est revelee plaisante, calme et reposante. Cela fait toujours bizarre de traverser a toute allure des espaces qui en velo nous auraient pris des semaines. En arrivant, nous nous replongons dans nos demarches de papiers pour traverser des contrees. Nous necessitons un visa kazak et une nouvelle extension du visa chinois. En attendant, nous jouons de la musique dans un petit parc proche de l'hotel ou nous logeons et c'est un bonheur de partager notre musique et nos numero de clown avec un public rieur et nombreux, William fait meme une presentation en chinois et raconte d'ou l'on vient et ou l'on va. Depuis qu'il nous a rejoint, c'est beaucoup plus facile de communiquer avec les gens et nous apprenons plus de chinois en quelques jours qu'en plusieurs semaines auparavant.

Je m'habitue de plus en plus a cette maniere de vivre chinoise, les reactions des gens sont parfois surprenantes, l'incomprehension reciproque qui titille l'enervement oblige au self control, le reflexe photo est quasi automatique chez beacoup de personnes et me semble surrealiste (preque aucune parole echangee) mais le rire et les sourires agissent comme des messages internationaux sur lesquels je me fixent plus intensement desormais.







Les facies ont beaucoup changes et l'on se sent deja en Asie centrale. C'est toujours la Chine mais on sent que le Kazakstan n'est plus tres loin, une derniere frontiere naturelle nous separe des grandes steppes kazaques, une chaine de montagne gigantesque, Tian Shan...









Nous vous souhaitons plein de grandes et de petites joies, prennez soin de vous....